Dr Patrick Gasser, Président de l’Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE-CSMF)

La branche spécialiste de la CSMF (UMESPE) organisait samedi 25 novembre les premiers États généraux de la médecine spécialisée à Paris.

 

Qu’est ce qui a motivé l’organisation de ce premier congrès ?

Depuis plusieurs années, l’attention est principalement portée sur la médecine de premier recours, de proximité. Nous souhaitions nous concentrer sur la médecine spécialisée, d’expertise. Sur le terrain, le spécialiste pose le diagnostic, élabore le plan personnel de soin, et c’est encore lui qui reçoit le patient en décompensation. Il a les clés de cette connaissance.

Pourquoi promouvez-vous la délégation de tâches ?

La question centrale est celle de la responsabilité territoriale, populationnelle. Tous les Français ont droit à une expertise. Bien sur, il faut d’abord protocoliser, puis ensuite déléguer des tâches à l’instar de l’anesthésiste et de l’IADE, du radiologue et de l’échographiste, et pourquoi pas demain, du gastro-entérologue ou de l’oncologue et d’un(e) infirmièr(e), etc. Les métiers qui n’évoluent pas sont morts. Certes, il faut combattre de fortes réticences mais nous pouvons avancer avec les CNP et les ouvertures possibles offertes par l’article 35. Tous les parents veulent que leur enfant voie un pédiatre et les personnes diabétiques veulent consulter un endocrinologue. Nous avons tous à y gagner si nous construisons les choses ensemble.

Par ailleurs, ces expertises sont indispensables pour accompagner le virage ambulatoire des établissements de santé. Les médecins spécialistes doivent s’emparer des plateformes territoriales d’appui (PTA) et des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Nous devons développer la coordination. Le Montpellier institut du sein (MIS), plateforme territoriale sur le cancer du sein est à cet égard un excellent exemple.

Quels sont vos autres axes de travail ?

Nous sommes prêts à réfléchir à un paiement à l’épisode de soins qui pourrait dans certains cas remplacer le paiement à l’acte comme nous y invite la ministre. Nous militons pour plus d’expertise, plus de qualité et plus de sécurité. Nous ne souhaitons pas gagner plus mais gagner mieux. La question de l’expertise ne sera pas réglée par les établissements ni par les GHT. La question du statut du médecin spécialiste devra être également débattue. Nous avons des obligations et il s’agira de mieux les définir. Le statut de PH doit évoluer, sachant par ailleurs qu’un exercice mixte est de plus en plus demandé par les jeunes générations. La question de la recertification des médecins pourra être abordée à l’image de l’accréditation des spécialités à risque. Compte tenu du succès de ce premier rendez-vous, nous le renouvellerons l’année prochaine. On a tous des idées, c’est l’heure de les partager.