Dr François Rahmani, Directeur du Centre de chirurgie Avicenne, Le Port (La Réunion)

Partagez-vous à La Réunion les mêmes problématiques qu’en métropole ?

Nous sommes très proches des établissements de la métropole, avec les mêmes contraintes, la même tutelle. À La Réunion, il existe une forte solidarité entre nous. Tous les établissements sont syndiqués, cela nous conforte dans nos instances, nos façons de bien faire pour la qualité de soins et des prestations que nous proposons. Dans les DOM, que je connais bien, il y a aussi une réelle convivialité dans les établissements, une grande proximité, une humanité des soignants envers les patients, un côté affectif envers une population très touchante que je n’ai pas retrouvés ailleurs. Cela est très motivant pour l’ensemble des acteurs.

Avez-vous une tarification spécifique dans les DOM ?

Nous avons à La Réunion une imposition locale – l’octroi de mer – qui fait que le coût de la vie et celui des pratiques médicales sont beaucoup plus élevés dans les DOM. L’indexation géographique qui nous est appliquée n’est pas suffisante au regard de ces surcoûts pour permettre une réelle viabilité des établissements de santé privés de La Réunion. Nous avons un CHU en déficit, et certains établissements privés le sont également. Nous aimerions négocier une revalorisation de cette indexation géographique, pour les établissements mais aussi pour les actes de chirurgie. Les établissements sont indexés, mais les actes ne le sont pas. Cela n’incite pas les jeunes collègues à venir s’installer. La démographie médicale est en baisse, et nos difficultés de recrutement sont particulièrement fortes dans les DOM.

Comment voyez-vous votre engagement au sein du Conseil d’administration de la FHP-MCO ?

Je suis un syndicaliste ancien. Je pense que les tutelles ont besoin d’un contre-pouvoir. Nous devons être capables d’imaginer, de faire des propositions, c’est la seule façon d’évoluer. Plus que nous défendre, nous devons être prospectifs, avoir des idées nouvelles et les faire valoir. Innover, c’est cela qui nous sauve, ainsi que la proximité avec les patients. C’est de tout cela que nous discutons au sein du Conseil d’administration, des indexations tarifaires, des parcours, des développements. Nous sommes un service au public, c’est notre fonction.
Le CA de la FHP-MCO du 11 janvier dernier, qui était le premier me concernant, a été une vraie journée de travail, très conviviale, avec une réelle écoute. On peut s’exprimer, et je ne me suis pas gêné pour le faire.