Société numérique et santé : un nouveau livre blanc du CNOM relance le débat public

Le 22 janvier 2018, le CNOM a publié un nouveau livre blanc visant à prolonger l’analyse et soutenir les différents chantiers de développement de l’eSanté en France. Intitulé « Médecins et patients dans le monde des data, des algorithmes et de l’intelligence artificielle », le document de 72 pages explore l’impact des nouvelles technologies dans la formation, la recherche et la pratique médicale, mais aussi dans les nouveaux parcours de soins du patient.

Sous la direction du Dr Jacques Lucas et du Pr Serge Uzan, le rapport balaye les différents points d’études et propose une série de 33 recommandations pour soutenir la société numérique au service de la santé. Retour sur les points forts du document qui devraient relancer le débat public sur la question.

Médecine du futur en France : où en est-on ?

Si les actualités médicales vendent mondes et merveilles en termes de progrès technique et de transformation numériques dans la santé, le secteur est encore un lieu d’attentes concrètes et les mêmes craintes subsistent. Le CNOM dépeint une réalité de l’eSanté à mi-chemin entre « enthousiasme médiatique et représentation catastrophiste ». Alors oui, la médecine de demain est déjà là (logiciels informatisés, deep learning, objets connectés, big data …), mais elle n’est pas encore partagée en France. Le document soulève la nécessité de capitaliser sur la force innovante française (l’une des plus compétitives et à la pointe) pour ne pas se laisser distancer par les acteurs américains et asiatiques. Collecter, stocker et manipuler la data en santé est alors essentiel pour développer des modèles prédictifs qui façonneront la santé de demain.

https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/cnomdata_algorithmes_ia.pdf

Les enjeux de la formation au numérique pour le médecin

La formation des futurs ou actuels professionnels de santé est la déterminante essentielle pour faire accepter, développer et étendre le numérique dans la santé. Mais les craintes sont encore bien ancrées dans les débats publics. Les scénarios associés aux progrès du numérique nourrissent notamment les chroniques alarmistes concernant la destruction des emplois. Ce constat pourrait être contrebalancé par l’émergence de nouvelles fonctions médicales ayant intégré l’usage des dispositifs connectés.

En termes de santé connectée, le contraste entre les pros et anti s’explique par le fait générationnel pour le Pr Jean-Luc Dubois-Randé : Nous observons un très fort contraste entre une médecine qui reste enseignée de façon très traditionnelle, face à des étudiants totalement rompus aux méthodes numériques et qui réfléchissent déjà à ce que va apporter la médecine connectée.”

Pour pouvoir effectuer une transition où le médecin restera au centre du système de santé, les formations médicales doivent intégrer le numérique, tout en renforçant les modules d’humanité, d’éthique et de déontologie. L’apprentissage par le digital ne doit pas être considéré uniquement comme un complément au médecin, mais plutôt comme une manière de repenser les processus pédagogiques, notamment grâce à des formations axées sur la simulation en santé grâce à la réalité virtuelle notamment.

Réinventer la recherche médicale et scientifique

La R&D en santé repose actuellement sur une médecine de précision accrue. Elle correspond à toutes les étapes du parcours de santé de l’individu que la médecine 4P vise à optimiser. En effet, l’émergence d’un parcours de soin identifié et personnalisé est possible uniquement grâce à la data collectée et à sa modélisation. Concernant la recherche médicale, l’Inserm a pris des mesures allant dans ce sens : « La gestion intelligente de la big data est devenue le levier n°1 pour l’exploitation utile des flux massifs d’acquisition d’information sur le vivant et la santé. »

 

Les 33 recommandations en fin de rapport synthétisent le propos du CNOM : les objectifs à terme sont de pouvoir « accompagner l’ensemble de la profession, dans la diversité de ses exercices », pour « renforcer sa collaboration avec les patients ».

Sources