Caroline Desaegher, Déléguée générale de la Fondation Ramsay Générale de Santé

Ramsay Générale de Santé a créé une Fondation d’entreprise en 2008. Quelles en étaient les motivations ?

À l’origine, cette fondation était mobilisée autour du don de sang de cordon ombilical à des fins thérapeutiques et de recherche. La Fondation continue d’être mécène de la banque de sang de cordon de l’hôpital Saint-Louis, et à fournir des greffons par le biais de 5 maternités du groupe, mais les besoins sont actuellement moins importants.
En 2016, le président de la Fondation et directeur général du groupe, Pascal Roché, a souhaité que l’on développe un nouveau programme, ambitieux, autour de la thématique de la prévention en santé, et qui devient prégnant. 60 % des patients sont atteints de maladies chroniques et les acteurs de santé s’accordent à dire que ces maladies trouvent en partie leur origine dans nos modes de vie. L’OMS estimait dans un rapport de 2015 que chaque année en France 40 000 à 60 000 morts seraient évitables si nous faisions davantage de prévention, et de manière plus efficace. Notre Fondation est dotée d’un budget de 1 million d’euros par an issus de cotisations payées par les établissements et le siège du groupe.

Marketing social, digital… La prévention fait-elle peau neuve ?

Nous avons organisé le 15 mai dernier les « Rencontres Prévention Santé » afin de faire du lobbying auprès de toutes nos parties prenantes.
Il n’y avait jamais eu auparavant de conférence nationale sur le thème de la prévention santé en général. Lors de cette journée, nous avons accueilli des patients, des politiques, un représentant de la DGS, des praticiens, un historien, des économistes, des acteurs du numérique, etc. 250 personnes réunies sous le haut patronage du ministère de la Santé. Après un état des lieux de la prévention en France, et un benchmark (Danemark, Estonie, Australie), nous avons réfléchi aux nouveaux leviers d’actions que sont le marketing social et le digital.
Il ne s’agit pas pour la Fondation d’inventer de nouveaux conseils, mais bien d’aider les Français à intégrer ces conseils dans leurs modes de vie, pour initier de nouveaux comportements. Nous voulons donc tester des programmes innovants, trouver de nouveaux outils pour toucher les gens, des alternatives aux campagnes « à l’ancienne » qui atteignent leurs limites.
Nous avons commencé avec le 1er « Mois sans tabac » en novembre 2016, en testant un nouvel outil, le chat bot des « Sans tabac ». C’est un robot conversationnel qui accompagne la personne qui souhaite arrêter de fumer et crée autour d’elle une communauté afin qu’elle soit soutenue par des tiers. Le bot lui envoie tous les jours via la page Facebook dédiée des messages pour l’encourager, et lui propose des challenges du type « Envoyez à votre communauté une photo de vous avec votre humeur du jour ». Cela génère des interactions, des anciens fumeurs viennent en renfort, etc. C’est très ludique !

Vous accompagnez les start-up. De quelle manière ?

En février 2017, nous avons lancé Prevent2Care Lab – un incubateur de start-up en prévention santé – en partenariat avec INCO, une entreprise spécialisée dans ce domaine. Nous avons reçu une centaine de candidatures pour notre appel à projets.
Notre partenaire apporte aux start-up des formations, en marketing par exemple ; il les aide à peaufiner leur business plan, etc. En parallèle, Ramsay Générale de Santé leur apporte son expertise métier en les mettant en relation avec des experts et des praticiens du groupe, et leur permet de réaliser des expérimentations dans nos hôpitaux et cliniques.
Ce sont des start-up qui ont créé des outils digitaux ou qui utilisent l’intelligence artificielle pour améliorer la prévention. Par exemple, AI.Vision.health propose un outil qui permet aux praticiens de faire à distance des diagnostics précoces pour certaines pathologies en ophtalmologie, notamment celles liées au diabète. Damae medical innove, en rendant possible le diagnostic précis des mélanomes… sans prélèvement !