Dr Patrick Gasser, président de l’Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE)

Vous ouvrez votre journée des états généraux du 17 novembre par une table ronde sur l’innovation, qu’elle en est votre vision ?

Tout d’abord, cet axe est intégré au Plan stratégique de transformation du système de santé présenté par Emmanuel Macron. Notons par ailleurs que nous parlons essentiellement de la médecine générale alors que globalement nos concitoyens veulent avoir une médecine de qualité, pertinente, qui amène tous les progrès, à la fois technologiques, opérationnels et organisationnels. Par exemple, comment s’approprier l’intelligence artificielle (IA) qui aura plus d’impact dans la médecine spécialisée ? Le gastroentérologue ou le neurologue va comprendre ce que lui dit l’IA, parce qu’elle est dans son corps de métier. Le médecin généraliste aura à mon avis beaucoup plus de difficultés.

La formation est essentielle. Les métiers doivent évoluer sur la connaissance et sur comment la gérer à travers l’outil digital. Cela passera par une formation beaucoup plus adaptée. Nous étions formés à l’étude critique d’un article, aujourd’hui il faut se former à l’étude critique des données Internet. Le métier du docteur va profondément évoluer puisqu’il va accompagner son patient au travers de ces nouvelles technologies, qu’il doit le premier maîtriser.

Selon vous, comment la pertinence des soins va-t-elle se développer ?

C’est le sujet de notre deuxième table ronde et c’est un grand chantier. La pertinence peut être vue différemment si vous êtes un usager, un docteur ou un gestionnaire d’établissement et donc, à un moment donné, nous aurons besoin d’un juge de paix. Je pense que c’est plus le couple médecin-patient, que d’autres, qui portera la démarche de la pertinence, sans retirer un rôle aux établissements de soin.

Par ailleurs, je porte aussi le mot de « performance » qui n’est pas péjoratif. Ma crainte, et on le voit au travers des projets qui peuvent être menés par la DGS, la DGOS et les établissements de soin, est qu’une enveloppe avec des objectifs quantifiés en volume soit négociée. C’est une approche très peu médicalisée et dangereuse. Je me positionne en vraie opposition aux structures de soin et aux groupes d’établissements, car je sais qu’ils vont dans ce sens. Et cela, je m’y opposerai très fermement.

De plus, il va falloir mettre un peu plus de médical dans les tarifs qu’il n’y en avait antérieurement. Demain, je veux retrouver une place à la table des négociations des tarifs, une place que nous avons probablement perdue aussi de notre fait.

Qu’attendez-vous de ces états généraux ?

Nous souhaitons fédérer l’ensemble des médecins spécialistes, qu’ils soient libéraux ou salariés.

Je souhaite développer une dynamique beaucoup plus large au-delà des syndicats médicaux et créer un vrai mouvement pour faire face aux grands enjeux. Les sociétés savantes et l’université ont notamment toute leur place. Si nous voulons conserver un système de soin performant, il faut aller au-delà des postures syndicales et les casser.

En conclusion de cette journée, j’aimerais dire : vous êtes au courant de ce que l’on veut faire, je vous donne rendez-vous dans 3 mois pour partager une stratégie précise et lancer ce large mouvement !

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