Nicolas Carrié, directeur général Capio Médipôle Hôpital Privé

Le Médipôle Lyon-Villeurbanne a ouvert ses portes le 2 janvier. Racontez-nous la genèse de ce projet audacieux…
En 2012, Le groupe Capio réfléchissait à l’avenir de la clinique du Tonkin, enclavée dans Villeurbanne et datant de plus de 40 ans. C’était compliqué de trouver un financement pour une clinique seule. Le directeur de Resamut (Réseau de santé mutualiste) avait une problématique identique avec des projets sur l’Est lyonnais qui n’aboutissaient pas. L’idée d’un projet commun a été très encouragée par le DGARS qui proposait de le financer fortement à condition qu’il soit implanté sur un site unique. L’impulsion est donc venue de Capio et de l’État.

Le plus délicat fut de convaincre les praticiens, salariés et libéraux. Le mariage entre un établissement privé à but lucratif et un Espic, c’est un choc entre deux cultures très différentes. Seul le strict partage des activités, donc l’absence de concurrence, a permis de les convaincre. À présent nous nous réjouissons de voir ces praticiens travailler ensemble sur des projets communs et des activités transversales. Les dogmes sont tombés à force de rencontres, les praticiens de différents statuts se rendant compte qu’ils sont médecins avant tout, et que leurs patients sont les mêmes. C’est pareil pour les dirigeants : nous savons maintenant que nous faisons le même métier, et sommes persuadés que nous pourrions avoir de nouveaux projets en commun. Ce qui à l’origine semblait être un tour de force est devenu naturel, au grand étonnement notamment du secteur public.

Comment s’articulent les deux activités ?
C’est très simple, et le circuit est complètement transparent pour le patient. Prenons l’exemple d’une prise en charge en cancérologie : les oncologues médicaux sont salariés, la chirurgie et la radiothérapie sont assurées par des praticiens libéraux. Nous avons mis en place une structure conjointe pour nos activités de coordination, composée d’infirmières, de psychologues, d’associations, etc. Les établissements ont renoncé à certaines de leurs activités – nous avons laissé la maternité à Resamut, qui a de son côté arrêté la chirurgie – auxquels cas les salariés ont été transférés d’un établissement à l’autre. Nous avons également créé 2 entités juridiques, un GIE et un GCS, pour gérer les services partagés : pharmacie, sécurité, logistique, etc.

Des salariés des deux établissements les ont intégrés. Décrivez-nous cet établissement…
Le Médipôle Lyon-Villeurbanne est le fruit d’une coopération entre Capio (Clinique du Tonkin et Clinique du Grand Large) et la Mutualité Française dans le Rhône (Clinique Mutualiste de Lyon, Clinique de l’Union, SSR Les Ormes, Centre Bayard, SSR Fougeraie) qui ont regroupé leurs activités sur un site unique, flambant neuf, tout en gardant leur identité et leur autonomie juridique. Ce nouveau pôle de santé de 750 lits et places réunit toutes les spécialités médicales et chirurgicales – dont certaines hyperspécialisées : prélèvement d’organes, SOS Mains, etc. – sur 60 000 m2. Il dispose de 28 blocs opératoires, trois maisons médicales, et s’appuie sur les compétences de 250 praticiens. Nous prévoyons 250 000 consultations en 2019, ainsi que l’accueil de 40 000 urgences, et 2 800 naissances. Le taux d’ambulatoire devrait être de 65-70 %, avec.. pour certains actes – cancérologie lourde, chirurgie cardiaque, neurochirurgie – la mise en place de la RRAC (Récupération rapide après chirurgie) nous permet d’avoir des durées de séjour plus faibles qu’ailleurs.