Les pénuries de médicaments s’aggravent
En France, le nombre de signalements de ruptures et/ou de tensions d’approvisionnement en médicaments augmente de façon régulière. Il est passé de 44 en 2008, à 404 en 2013 et 538 en 2017 pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM*).
Le Leem a présenté le 19 février son plan d’action. Les épisodes de pénuries concernent essentiellement les anti infectieux, les médicaments du système nerveux et les anticancéreux. Les injectables représentent la moitié des médicaments touchés par les ruptures, ce qui s’explique par la complexité de leur process de fabrication. La durée médiane d’une rupture de stock pour les MITM était en 2017 de 7,5 semaines (source : enquête Leem 2018).
La gestion de ces pénuries est particulièrement chronophage et fortement consommatrice de ressources humaines et médicales. Selon un sondage conduit en 2013 auprès de pharmaciens hospitaliers européens, le temps moyen consacré par les équipes à la gestion des ruptures d’approvisionnement est estimé à 12,8 heures par semaine : 4 heures à l’identification et à l’achat des alternatives thérapeutiques, 2,2 heures au suivi des ruptures, 2 heures aux modifications de stock, 2 heures aux discussions avec les médecins, 1,6 heure au développement de protocoles adaptés et 1 heure à l’information du personnel soignant.
Selon le Leem, la 1ère cause de rupture de stock est la tension mondiale entre la demande et la capacité de production (25 %). Interviennent ensuite les fluctuations imprévues du marché (23 %), les problèmes liés à la production en elle-même (20 %), les problèmes d’approvisionnement en principes actif (15 %), les contraintes réglementaires (10 %), et les contraintes économiques (7 %).
En 2017, la Chine est devenue le 2e marché mondial du médicament (8,3 %) derrière les Etats-Unis. Le gouvernement chinois souhaite rattraper d’ici 2030 les niveaux de santé publique des pays développés. Par exemple, la Chine lance de vastes compagnes de vaccination. En 2010, 100 millions d’enfants chinois ont ainsi été vaccinés contre la rougeole. Des campagnes de vaccination de très grande ampleur ont également été mises sur pied en Afrique ces dernières années.
Les entreprises pharmaceutiques n’échappent pas à la mondialisation et aux phénomènes de concentration qui y sont associés. L’augmentation du niveau technologique requis et des contraintes réglementaires applicables aux médicaments produits entraîne une spécialisation des sites par type de procédés et molécules fabriquées. En cas de rupture sur la chaîne de production, le risque de rupture est d’emblée très élevé.
On estime aujourd’hui qu’entre 60 % et 80 % des principes actifs sont fabriqués hors de l’Union européenne. Cette proportion était de 20 % il y a 30 ans. Pour de nombreuses molécules, on constate aujourd’hui l’existence de seulement 2 ou 3 fournisseurs dans le monde.
Un environnement économique à mieux encadrer : les prix des médicaments en France sont dans 50 % des cas inférieurs au plus bas prix européen et dans 93 % des cas inférieurs au prix moyen observé dans un groupe de 5 pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni). Ces écarts de prix entraînent un développement des exportations parallèles, qui peuvent aggraver un risque de tension d’approvisionnement et provoquer une pénurie. Certains grossistes-répartiteurs se sont spécialisés dans le commerce entre les pays de l’Union européenne.
La dimension internationale des pénuries de médicaments est un élément à prendre en compte, la France n’étant pas seule à devoir faire face à ce problème majeur de santé publique. Les États-Unis ne sont pas épargnés par ces pénuries de médicaments, et ce depuis la fin des années 1990.
31 % des Français ont été confrontés une ou plusieurs fois à l’indisponibilité d’un médicament demandé due à une rupture de stock au cours des six derniers mois, selon une enquête réalisée par Ipsos pour le Leem en 2018 auprès d’un échantillon de 1 250 patients. Parmi eux, les patients chroniques sont plus nombreux à y avoir été confrontés (47 %).
* Les MITM ont été définis dans la loi de santé 2016 comme « les médicaments dont l’indisponibilité transitoire, totale ou partielle est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme, ou représente une perte de chance importante pour les patients». Cette définition très large a pour effet d’englober jusqu’à la moitié des médicaments commercialisés. La liste des MITM de chaque laboratoire n’est pas publique.
Ma santé 2022 : la parole est aux médecins
Le projet de loi « Ma Santé 2022 » qui vise à transformer le système de santé sera prochainement examiné au Parlement. À cette occasion, et dans le contexte du Grand débat national, le Cnom appelle les médecins à s’exprimer jusqu’au 15 mars 2019.
Le texte de Ma Santé 2022 est structuré en trois chapitres principaux : « La formation », « L’organisation de l’offre de soins dans les territoires » et « Le numérique en santé et la télémédecine ». En proposant un débat intitulé « Ma santé 2022 : des paroles aux actes », l’Ordre des médecins a voulu ajouter un quatrième volet portant sur la démocratie sanitaire et les solutions à mettre en œuvre pour que celle-ci devienne réalité.
Dans un contexte marqué par le Grand débat national – qui montre que la santé fait partie des préoccupations majeures de nos concitoyens et que l’accès aux soins est un enjeu clé de cohésion nationale – le Cnom invite les médecins à s’exprimer sur le système de santé, sur leur exercice, et sur les messages qu’ils souhaitent porter en tant que médecins.
L’espace d’expression hébergé sur le site de Cnom leur permet de réagir aux positions défendues par l’institution et de partager leurs propres propositions. 6 questions ouvertes leur sont proposées, portant sur les réformes prioritaires, sur la formation, sur l’organisation territoriale des soins, sur le numérique en santé et la télémédecine et sur la démocratie sanitaire.
Les médecins pourront participer jusqu’au 15 mars 2019. Ces contributions seront analysées et synthétisées : elles renforceront les propositions défendues par l’Ordre et nourriront le Grand débat national.
« Tous les jours, alors que leur exercice est rendu difficile et épuisant par les pesanteurs d’un système de santé sclérosé, les professionnels de santé continuent de le porter à bout de bras (…) Conscient des difficultés auxquelles ils font face, conscient de l’importance de leur rôle auprès de leurs patients, je veux les inviter dans ce moment charnière à prendre pleinement part au Grand débat initié par le gouvernement (…) » déclare le Dr Patrick Bouet, président du Cnom.
Endettement excessif des hôpitaux
La Cour des comptes met en garde contre une « nouvelle phase d’endettement qui pourrait s’engager prochainement, dans un contexte où l’autofinancement des établissements est en réduction continue depuis plusieurs années ».
La Cour rappelle dans son rapport « La dette des entités publiques » récemment publié qu’un « endettement excessif concerne un nombre d’établissements qui demeure très important : 319 en 2015. Sont ainsi dans ce cas un tiers des établissements publics de santé, dont 19 centres hospitaliers régionaux et 300 centres hospitaliers ».
Pour rappel, la Cour avait recommandé, en 2014, que l’approbation des projets d’investissement financés par emprunt soit conditionnée à la réalisation d’un taux de marge brute d’au moins 8 %, hors aide financière, de manière à ne retenir que les projets les plus efficients. Cette recommandation reste d’actualité. En effet, le niveau d’endettement de certains établissements, au regard de leur capacité de remboursement, est susceptible de générer des difficultés, près d’un tiers des établissements connaissant d’ores et déjà une situation d’endettement excessif au regard des critères prévus par le code de la santé publique.
Un tiers des hôpitaux allemands dans le rouge
Le baromètre économique annuel 2018 indique une situation économique de l’ensemble des hôpitaux allemands difficile, avec 30 % d’entre eux dont les comptes sont dans le rouge. 1 % de plus que l’année précédente.
Si 60 % des hôpitaux enregistrent des résultats positifs, 57 % de ceux ayant une maternité déclaraient en 2017 avoir une activité de naissance déficitaire, les coûts de production étant supérieurs aux financements.
Le baromètre économique des hôpitaux repose sur une enquête annuelle représentative du paysage hospitalier, menée en 2018 dans 249 hôpitaux accrédités de plus de 100 lits.