Durant plus de vingt ans, le « dossier IBODE » a évolué silencieusement pour aboutir en janvier 2015 à un décret inapplicable. Après plusieurs reports devant l’impossibilité de mise en œuvre, la situation au 1er juillet 2019 devrait être la suivante : les actes d’assistance opératoire ne seront autorisés qu’aux seules IBODE et aux professionnels éligibles à un dispositif d’habilitation.
Plus de 10 000 professionnels sont concernés par le processus d’habilitation. Or ni le dispositif de Validation des Acquis de l’Expérience, ni les formations en école d’IBODE ne permettent de garantir le nombre nécessaire d’infirmiers de bloc. Si l’on rajoute l’absence manifeste de marché du travail des IBODE, les établissements de santé, privés et publics, vont se retrouver dans l’impossibilité de répondre aux impératifs du décret. Très concrètement, serons-nous alors contraints de réduire notre activité chirurgicale et d’allonger les listes d’attente ? Ou comment un bon sentiment peut générer un problème sanitaire…
La publication de ce décret a dissuadé nombre d’infirmiers de candidater au bloc opératoire pour y être formés, contribuant ainsi à appauvrir une offre qui n’était déjà pas pléthorique. La lourdeur administrative des dossiers de VAE, les difficultés d’organisation des jurys, et la discrimination de certains à l’égard des IDE du privé ont nui au dispositif et ont démotivé de nombreux aides-opératoires actuellement en activité. Alors comment les établissements de santé vont-ils gérer cette pénurie, créée par cette nouvelle contrainte réglementaire dont ils se seraient bien passés ?
Aujourd’hui, personne n’est satisfait. Ni les directeurs d’établissement, ni les IDE en poste. Quid du devenir des professionnels qui ne seront pas éligibles au dispositif d’habilitation ? Comment financer des formations coûteuses à des infirmiers qui pourront changer d’établissement à leur retour de formation ? Comment remplacer les IDE pendant leur temps de formation ? Si le processus d’habilitation ne vaut que pour les salariés en poste, qu’est-il prévu dans le futur pour le renouvellement des professionnels ? La Tutelle va-t-elle organiser sciemment une surenchère salariale et attendre que tous les établissements chirurgicaux soient sous tension pour réagir ?
Force est de constater que nous avons du mal à nous faire entendre sur ce sujet par le niveau national qui est loin des réalités de terrain. La FHP-MCO invite donc toutes les cliniques victimes de cette situation à faire remonter leurs difficultés auprès de leur ARS, afin de créer une prise de conscience sur la gravité des tensions à venir. Nous comptons sur votre mobilisation pour donner de la matière à nos demandes.