De l’importance de la sémantique

Pour s’accorder sur les idées, il faut déjà s’entendre sur les mots. Nos activités de soins appellent une précision du langage qui, les décrivant, doit veiller à ne pas les (dis)qualifier. Les termes proposés dans le cadre de la réforme des autorisations pour mettre en œuvre la « gradation des soins » portent en eux ce risque. Soyons très vigilants, car les bonnes intentions ne doivent pas être contrariées par des effets négatifs en raison de la consonance de certains mots.

Au sein des groupes de travail ministériels sur la réforme des autorisations, on voit apparaître en fonction des activités les termes de « grade », « niveau » ou encore « mention ». Qu’on le veuille ou non, ces appellations requalifient positivement les acteurs et l’activité de « niveau 3 », et négativement ceux de « niveau 1 ». Quel professionnel, ainsi « rétrogradé » par le jeu d’un décret, adhèrera au projet proposé ? Quel patient, souhaitant le meilleur, acceptera une offre de niveau 1 sur une échelle de 3 ? La seule sémantique porte en elle les germes du succès ou de l’échec de la réforme.

Si l’objectif réellement voulu par la gradation des soins est que chaque patient soit pris en charge dans l’établissement qui correspond à ses besoins, alors veillons à ce que la terminologie choisie ne conduise pas à un engorgement injustifié des établissements les plus pointus, au détriment d’autres établissements qui détiennent pourtant l’expertise nécessaire. La FHP-MCO demande ainsi à tous de préférer les termes de « proximité », « spécialisé », « recours » ou « référence », dont certains sont déjà utilisés notamment pour les maladies rares ou l’activité de greffe et de grands brûlés.

L’important dans une organisation est de garantir la reconnaissance de chacun des professionnels, quelle que soit la place qu’il occupe. Il en va de même pour notre système de santé.