Le dispositif d’habilitation permettant aux aides-opératoires IDE non IBODE de poursuivre leurs fonctions après le 31 décembre 2019 devait être LA solution.
D’emblée nous avons alerté le Ministère : si ce régime dérogatoire n’est applicable qu’une seule fois au 31 octobre 2019, il n’apporte aucune solution au turnover des professionnels. Les informations remontées par les administrateurs lors du séminaire stratégique de la FHP-MCO témoignent d’une situation critique sur le terrain dès le 1er janvier prochain. À J-109 jours de l’application du décret, le pire scénario se réalise : en sus des professionnels qui ne sont pas éligibles au régime dérogatoire faute d’avoir un an d’ancienneté, certains ne souhaitent pas y entrer, voire démissionnent, ce que personne n’avait anticipé. Les IDE qui seront contraints d’arrêter la fonction d’aide-opératoire, faute d’avoir pu ou voulu rentrer dans ce dispositif, pourraient représenter 20 % de l’effectif total. Qui va les remplacer ?
Le Ministère de la Santé a imposé aux établissements de santé le déploiement massif d’un métier sans s’en donner les moyens. C’est aux Tutelles d’organiser et de financer la formation des IBODE, mais rien n’a été anticipé. Qu’en est-il de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences qui aurait dû précéder et accompagner une telle réforme ? Quelles sont les projections en termes d’emplois et quels sont les résultats des études d’impact pour les établissements ? L’absence de compétences sur le marché du travail et l’incapacité d’en créer dans un délai rapide favorisent l’explosion de l’intérim IBODE à des tarifs indécents. Alors même que le gouvernement veut lutter avec raison contre les « mercenaires médicaux » dans les services d’urgence, il crée les conditions de l’arrivée de « mercenaires paramédicaux ». Ubuesque !
Pourtant, du côté du Ministère le problème est réglé. Il est urgent de faire prendre conscience à nos interlocuteurs – nationaux et régionaux – que nous courons vers la catastrophe, et pour cela nous avons besoin de données chiffrées. Dans chaque région, il nous faut recenser le nombre d’aides-opératoires IDE non IBODE actuellement en poste qui ne seront pas rentrés dans le régime dérogatoire au 31 octobre. Vous allez être sollicités très prochainement à ce sujet et nous comptons sur votre participation. Nous espérons ainsi pouvoir convaincre le Ministère, sur la base de données non discutables, de la nécessité de reporter l’entrée en vigueur du régime, puis a minima de le renouveler sur plusieurs années, le temps qu’il y ait suffisamment de professionnels diplômés.
Parallèlement, nous devons travailler les moyen et long termes en demandant que soient levés les freins à la création de ce marché d’emploi IBODE. La suppression de l’expérience minimum de 2 ans et le financement des études par l’État sont indispensables au développement de la formation IBODE. La simplification du dossier à remplir et l’impartialité des décisions des jurys (notamment par l’anonymisation des parcours professionnels) sont indispensables au développement de la VAE.
Nous dénonçons le fait d’être mis face à des textes inapplicables à ce stade et devons sortir rapidement de cette situation délétère dans laquelle tous les acteurs sont perdants.