Le nombre de maternités privées ne cesse de se réduire chaque année, dans un environnement de baisse régulière de la natalité. Elles n’en sont que plus précieuses. Les tarifs des actes d’obstétrique, historiquement sous-évalués, ont bénéficié d’actions ciblées depuis trois ans grâce à une ardente bataille syndicale. Mais cette rémunération, essentielle, reste insuffisante et ne fait pas tout. Natalité en berne, débats sur les indicateurs de la périnatalité, nous devons repenser la naissance en France avec les parties prenantes, en particulier le Collège National des Gynécologues-Obstétriciens (CNGOF).
Si nous partageons l’essentiel des préoccupations de cette société savante, nous ne sommes pas en phase avec sa demande, présentée récemment à la presse, de rehausser les seuils de personnels médicaux requis – gynécologues-obstétriciens, anesthésistes-réanimateurs, pédiatres et sages-femmes. À l’heure actuelle, les maternités font déjà face à des difficultés persistantes pour recruter les professionnels requis, alors comment feront-elles si les seuils sont augmentés ?
Dans le secteur privé, le manque de médecins conduit le plus souvent à la fermeture ou au regroupement de la maternité touchée, dans l’indifférence générale. Dans le secteur public, cela aboutit au recours majoré à l’intérim médical, voire à un fonctionnement en-deçà des normes réglementaires, les élus voulant maintenir leur maternité à tout prix. Quelles mesures peut-on mettre en place pour assurer le renouvellement des générations pour les uns, et la stabilité des équipes pour les autres ? Quant aux sages-femmes, elles sont davantage intéressées par l’exercice libéral que par le secteur hospitalier.
Soyons lucides et ne tombons pas dans le piège de réglementations inapplicables faute de ressources disponibles, qui au final n’améliorent ni la sécurité des patients ni les conditions de travail des professionnels, et ne bénéficient qu’aux sociétés d’intérim. Nous en faisons actuellement l’amère expérience avec les textes sur les pharmaciens et sur les IBODE. Réfléchissons d’abord à l’évolution des métiers de la naissance dans le temps et dans l’espace et redéfinissons le rôle de chacun des acteurs. D’ores et déjà, lançons une approche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences au niveau national et régional.
S’il est un point sur lequel toutes les parties prenantes s’accordent, c’est la volonté d’améliorer la qualité et la sécurité des soins en périnatalité. La Haute Autorité de Santé a récemment indiqué qu’en-dehors de certaines spécialités faisant l’objet de publications scientifiques avérées, il n’y a pas de lien prouvé entre activité et qualité, d’où le maintien recommandé du seuil minimum de 300 accouchements pour l’activité d’obstétrique. Dès lors, privilégions une approche par indicateurs de qualité et de sécurité des prises en charge qui, à nos yeux, prime toujours sur une démarche par défaut de demande de moyens qui ne constituent pas une garantie de résultats. Et travaillons sur l’amélioration du suivi de grossesse et la mise en place de filières de dépistage et d’orientation efficaces des grossesses à risque.
Dans un cadre serein et responsable, nous poursuivrons ensemble les actions déjà engagées par les maternités privées pour privilégier une prise en charge humaine et personnalisée : politique des 1 000 premiers jours, projets de naissance, développement durable, etc. Les maternités privées s’illustrent déjà par leur engagement dans des labels comme IHAB, elles entreront avec grand intérêt dans celui nouvellement proposé par le CNGOF.
Ne perdons pas de vue notre objectif, celui de créer les conditions optimales de prise en charge au bénéfice de la mère et de l’enfant.
Ségolène Benhamou
Président de la FHP-MCO