Dr Denis Franck, président de l’Association française de cancérologie – Union nationale hospitalière privée de cancérologie

Que démontrent les résultats de l’étude présentée par Le Dr Khorana en séance plénière de l’Asco dernièrement à Chicago ?

Précisons tout d’abord que l’Asco est le grand congrès annuel de cancérologie qui accueille 40 000 personnes, et également que le Dr Khorana a publié son étude sans la revue Plos One début septembre.

L’étude observationnelle du Dr Khorana démontre qu’au-delà de 4 semaines, chaque semaine suppplémentaire de délai de prise en charge est une perte de chance pour les patients qu’il évalue à une augmentation du risque de mortalité absolue de 1,2 à 3,2 % pour différents types de cancer.

Il met en relief deux aspects : le premier est purement statistique et le second est l’anxiété des patients lorsque le délai de prise en charge est long. L’INCa le dit par ailleurs. Le délai jusqu’au début du traitement pour des nouveaux patients diagnostiqués leur cause une angoisse et peut avoir des effets adverses.

Quelle est sa méthodologie ?

Son étude observationelle est extraite de la base américaine de données du cancer qui comprend plus de 3,6 millions de patients concernés par les cancers du sein (1,3 million), de la prostate (944 000), du côlon (662 000), des poumons (363 000), du rein (262 000) et du pancréas (71 000).

Pour des cancers nouvellement diagnostiqués à des stades précoces, il a trouvé une signification statistique importante à moins et plus de 4 semaines. C’est à dire entre le diagnostic du cancer jusqu’au traitement initial quel qu’il soit – chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie. Sa démonstration tient en 2 courbes : en abscisse, se trouvent les mois écoulés depuis le début du traitement, et en ordonnée, la probabilité de survie globale. Les deux courbes se séparent d’emblée, et à 5 ans, ont une significativité statistique très importante en faveur d’un traitement initié dans les 4 premières semaines après le diagnostic.

Quels enseignements en tirez-vous ?

Les actuelles discussions sur les nouvelles autorisations en cancérologie qui seront données aux établissements de santé ne peuvent pas ignorer ces résultats. L’item premier exigé d’un établissement devrait être une prise en charge dans des délais inférieurs à 4 semaines après le diagnostic.

Dans le secteur privé en cancérologie, nous sommes très performants précisément sur le délai de prise en charge. Il faut qu’on en fasse un cheval de bataille parce que c’est l’intérêt des patients.