Sophie Martinon, directrice générale de l’ANAP

L’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) fête ses 10 ans, quelles sont les actions dont vous êtes la plus fière ? Quels sont les résultats de votre Contrat d’objectifs et de performance ?

En dix ans, l’agence a enrichi son approche. Nous sommes passés d’une vision centrée sur la performance interne des établissements, intégrant peu à peu la dimension territoriale, à une vision qui prend en compte la structuration et la continuité des parcours en santé et donc la performance collective des acteurs de santé sur un territoire.

Je suis très fière des équipes de l’agence, car elles jouent un rôle de catalyseur et d’accélérateur des changements pour, in fine, améliorer le service rendu aux usagers. Nous nous inspirons des techniques du marketing pour recueillir les besoins de nos utilisateurs et y répondre au mieux, ce qui constitue un changement majeur dans nos pratiques !

Les travaux sont engagés comme prévu sur tous les axes de notre COP. Notre programme de travail en est le reflet. Nous contribuons ainsi à la structuration territoriale de l’offre, mettons en place des outils et accompagnements pour renforcer la performance interne des établissements et co-construisons de nouvelles modalités de travail pour faciliter l’appropriation et la mise en œuvre de ces solutions organisationnelles. Nous nous impliquons sur de nombreux sujets mobilisateurs pour les professionnels comme la santé mentale, le numérique, l’organisation du séjour clinique, les hôpitaux de proximité, l’immobilier, etc.

Entre acteurs de terrain submergés par leurs obligations quotidiennes et les autorités de tutelle souvent qualifiées par ces derniers de « hors sol », comment se situe l’ANAP et que propose-t-elle ?

Tous les projets que nous menons, les outils que nous développons, nos publications, toutes nos actions procèdent de l’expérience des professionnels du terrain. Nous proposons aux professionnels des solutions organisationnelles construites avec et pour eux. Nous travaillons avec des groupes de travail, nous nous déplaçons, nous développons des offres fondées sur l’accompagnement des professionnels tels que nos Appuis thématiques, lancés en 2019. Enfin, nos équipes sont majoritairement constituées d’anciens professionnels de l’hôpital, de clinique ou du médico-social afin de garder notre ancrage terrain !

Selon vous, quels sont les principaux freins à la performance pour les établissements de    santé ?

Les professionnels prouvent chaque jour qu’ils sont prêts à faire évoluer leurs organisations si c’est au bénéfice des patients. Le cœur de notre travail consiste à leur proposer des solutions organisationnelles qui ont fait leurs preuves, améliorent les pratiques des professionnels et in fine, le service rendu à l’usager.

Désormais, l’enjeu est de raisonner au niveau d’un bassin de population. Dans ce cadre, nous avons beaucoup travaillé sur les coopérations qui sont indispensables, par exemple entre les acteurs de la ville, du sanitaire et du médico-social, et ce, quel que soit le statut de chaque acteur. Notre publication, « Coopérer ne va pas de soi » fait ressortir les freins qui pourraient faire échouer une coopération. Les non-dits, les peurs, les a priori sont centraux et jouent sur ces projets. D’où l’importance de fonder les coopérations sur des objectifs partagés !