Alain Carrié, Directeur de la Clinique Saint-François à Châteauroux, élu administrateur de la FHP-MCO en septembre 2019

Quelles sont les motivations de votre engagement syndical ?

Les réformes, les évolutions réglementaires, la gestion du domaine de la santé sont principalement faites sous le prisme de l’hôpital public. Je souhaite contribuer à faire tomber ces barrières. La France a fait le choix d’avoir trois statuts juridiques pour les acteurs sanitaires, qu’est-ce que cela apporte ? Personnellement, je serais favorable à une convergence des statuts juridiques. La performance en gestion de santé, au sens du compromis entre la qualité des soins délivrés, l’efficacité opérationnelle, les investissements, est chez les acteurs privés. Certains hôpitaux font très bien, ce n’est pas mon propos, mais je pense que nous sommes les plus avancés dans la recherche permanente de l’équilibre entre les différentes tensions. Pour le reste, nous sommes des acteurs au service des politiques publiques de santé.

Mon engagement syndical est très ancien : j’étais déjà membre du bureau de l’UHP Dialyse, puis de la FHP Dialyse, administrateur de la FHP Bretagne puis de la FHP Île-de-France et de la FHP-MCO.

Où en êtes-vous concernant la question des Ibode ?

Dans notre clinique, l’ensemble des personnels infirmiers qui font de l’aide opératoire ont déposé un dossier, à l’exception d’une de nos infirmières qui n’avait pas l’ancienneté requise. Mais que va-t-on faire par rapport aux besoins de recrutement qui vont s’exprimer en 2020 ? Car c’est une chose de traiter la situation actuelle et une autre de gérer celle de 2020 et après. Que dira-t-on à un chirurgien prêt à venir travailler à Châteauroux : Je suis désolé, nous avons tout ce qu’il faut pour vous accueillir mais nous ne pouvons pas vous fournir des aides opératoires ? Ce n’est pas responsable !

À Châteauroux, comment s’organise la territorialisation des soins ?

Notre groupe est présent à Châteauroux et nous sommes par ailleurs les seuls acteurs MCO privés dans le Berry. Nous nous inscrivons dans un dialogue permanent avec l’Agence régionale de santé et avec les pouvoirs publics, que nous voulons identique à celui mené par les opérateurs publics. Public/privé, nous avons d’abord et avant tout besoin de rétablir le lien de confiance entre les acteurs de santé et les habitants du territoire. C’est un vrai défi quel que soit le statut juridique, et oui, comme l’indiquait Thierry Chiche, le président de notre groupe, c’est plus difficile d’offrir de l’excellence médicale à Bergerac qu’à Paris.

Pourquoi ne réfléchirions-nous pas comme en Espagne par exemple, en organisant la réponse aux besoins de soins dans un territoire sur la base d’appels d’offres et d’engagements fermes sur une période déterminée ? Nous sommes aujourd’hui dans une organisation sanitaire qui part essentiellement des offreurs installés or il faudrait selon moi qu’elle soit davantage en réponse aux besoins des habitants du territoire.

À Châteauroux, ce qui m’intéresse particulièrement aujourd’hui, c’est de travailler avec le maire, avec les pouvoirs politiques locaux, avec l’Agence régionale de santé sur l’élaboration d’un projet territorial de santé tel qu’il est prévu par la loi Ma Santé 2022. M’inscrire dans une politique publique de santé au service des habitants du territoire, c’est vraiment ce qui me passionne.