Comment l’épidémie de Covid-19 fait reculer les virus de l’hiver

Récurrent virus de l’hiver, l’épidémie de grippe survient en France chaque année entre les mois de décembre et d’avril et touche 2,5 millions de personnes en moyenne.

Dans le cadre de ses missions de surveillance, de vigilance et d’alerte dans les domaines de la santé publique, Santé publique France analyse les données de la grippe issues de son réseau de partenaires et en publie les indicateurs-clefs. L’hiver 2019-2020, qui a été marqué par la pandémie de Covid-19, indique des statistiques assez différentes des années précédentes quant aux grippes traditionnelles. Comment se sont comportés les virus de l’hiver cette année ? Et comment la pandémie a-t-elle influé sur les virus traditionnels ? Il semblerait que l’épidémie de Covid-19 aurait fait reculer les virus de l’hiver.

Moins de consultations classiques pour syndrome grippal, moins de cas et d’hospitalisation

La circulation et la gravité de la grippe de l’hiver 2019-2020 ont été moins importantes que les années précédentes. En effet, l’épidémie de grippe a été l’une des plus courtes de ces dix dernières années.

Comme l’indique Ouest France, on a constaté lors de cette saison 2019-2020 une importante baisse des décès et hospitalisations liés à la grippe : “Selon les données de Santé Publique France, le nombre de décès de la grippe était de 8 100 sur 2018-2010, contre 3 680 décès en 2019-2020. Idem pour les hospitalisations « pour syndrome grippal », qui sont passées de 10 723 en 2018-2019 à 6 164, sur 2019-2020.”

Quant au nombre de cas, il a été lui aussi assez faible. La période épidémique s’est étalée de la semaine 03-2020 à la semaine 11-2020, période pour laquelle le réseau Sentinelles a estimé le nombre de consultations en ville pour syndrome grippal à environ 1,25 million, contre 1,8 million pour l’année précédente. Cette baisse de plus de 30% correspondrait à une épidémie de faible intensité. Comme le souligne le site santé publique France, le pic d’activité en médecine de ville en métropole observé en semaine 06-2020 est lui-aussi très en dessous des moyennes de l’an dernier, avec un taux de consultations pour syndrome grippal de 314 pour 100 000 habitants en métropole. Ce pic se situe très en-dessous des valeurs observées les années précédentes (599/100 000 habitants en 2018-2019 et 459/100 000 habitants en 2017- 2018).

Le taux de passage aux urgences consécutif à la grippe a également baissé, selon les données récoltées par l’Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (OSCOUR). Du 9 au 15 novembre, ce taux s’est élevé à seulement 7,7 passages pour 100 000 aux urgences, soit le plus faible des dix dernières années. Cela peut notamment s’expliquer par la mise en place du confinement et des gestes barrières généralisés pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

Le recul de la grippe saisonnière serait expliqué par l’arrivée du SARS-CoV-2 à partir de mars

La mise en place du confinement et des gestes barrières (distanciation physique, port du masque) ont instauré des habitudes propices à réfréner le rythme habituel de contagion de la grippe saisonnière. La fermeture des écoles a également œuvré à la limitation du nombre de cas.

La question de l’interférence virale n’est pas encore classée, et une incertitude subsiste quant à l’interaction potentielle entre le SARS-CoV-2 et les virus respiratoires classiques. 

D’autres facteurs expliqueraient pourquoi la grippe a été si peu virulente

Il faut indiquer que la surveillance de la grippe classique a été arrêtée en France lorsqu’a commencé la pandémie de Covid-19.

Par ailleurs, il faut noter que les virus grippaux en circulation pendant cet hiver touchent en particulier des personnes jeunes, et donc sont moins susceptibles de se développer en cas graves.

Selon le rapport de Santé publique France, l’excès de mortalité constaté en mars 2020 aurait été dû à la pandémie, et non aux virus de grippe traditionnels : “Au cours de l’épidémie de grippe 2019-2020 (semaines 03-2020 à 11-2020), il n’a été observé d’excès de mortalité toutes causes qu’en semaine 11 (+6,8% d’excès) (source : modèle EuroMomo). Même si les virus grippaux circulaient encore de façon importante en France à ce moment-là, il est probable que cet excès de mortalité soit en grande partie lié à l’impact de la circulation croissante du SARS-CoV-2 en France début mars 2020”.

En définitive, le nombre de décès liés à la grippe s’avère bien inférieur au nombre moyen de décès liés à la grippe chaque année en France depuis 2011- 2012 (environ 9 000 décès).

Sources

Comment l’épidémie de Covid-19 fait reculer les virus de l’hiver
(source bilan épidémiologique de la saison 2019-2020 – Ouest France)
https://presse.inserm.fr/la-covid-19-entraine-3-fois-plus-de-deces-que-la-grippe-saisonniere/41795/