Actus Santé du 13h N° 518 du 20/01/20

Journées nationales de chirurgie ambulatoire 2020

Les JAB 2020 se tiennent à Paris les 29 et 30 janvier. Largement ouvertes à tous, chirurgiens, directions, professionnels de soins, les JAB permettent de suivre les évolutions et innovations en chirurgie ambulatoire en France et à l’international.

Chaque année, une profession, une activité et un pays sont mis à l’honneur et cette année des directeurs généraux d’hôpitaux à la pointe en ambulatoire interviendront. Un focus spécial sera fait sur la prise en charge en ambulatoire en chirurgie pédiatrique et le pays invité, la Suède, proposera une rétrospective sur une décennie de la chirurgie en ambulatoire.

Consulter le programme.

FHF : une conférence nationale de consensus

La FHF veut inscrire la santé en haut de l’agenda politique et pour sortir de la crise que traverse les hôpitaux publics, appelle à la mise en place d’une Conférence nationale de consensus du système de santé.

« Force est de constater que la succession de plans, de rapports gouvernementaux, n’apporte ni adhésion ni satisfaction totale, que ce soit auprès de l’opinion publique comme des acteurs du secteur qui ne perçoivent pas les bénéfices potentiels des mesures proposées » explique la FHF dans un communiqué de presse. « La seule porte de sortie est donc désormais une véritable refondation de notre système de santé apte à consolider la confiance que notre Nation lui porte ». Lors de ses vœux, Frédéric Valletoux, président de la FHF, a appelé à une Conférence nationale de consensus. « Il ne s’agit ni d’un Grenelle de la santé, ni d’états généraux, ni même d’un dérivé de la conférence nationale de santé existante, mais bien d’un débat participatif rassemblant experts (sociologues, économistes…), élus (nationaux et locaux), professionnels (de santé et du médicosocial, de l’hôpital comme de la ville), mais aussi et surtout les Français. »

Rappelons que plus de 1 000 médecins hospitaliers ont démissionné de leurs fonctions administratives. Ils réclament une « revalorisation significative des salaires », 600 millions d’euros supplémentaires pour les hôpitaux en 2020, ainsi qu’une « révision profonde » du mode de financement et de gouvernance.

Chaire annuelle de santé publique

Didier Fassin occupera la chaire annuelle de santé publique au Collège de France. « L’inégalité la plus profonde est celle devant la vie même. »

Extraits de la leçon inaugurale de Didier Fassin.

« Ce que nous nommons d’une expression aussi élégante que trompeuse « espérance de vie » n’est qu’une mesure abstraite résultant de la sommation de la probabilité de décéder aux différents âges et imaginant une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année considérée. Mais où donc est passée la vie ? Certes, l’espérance de vie nous informe sur un fait majeur : les disparités considérables de longévité existant dans nos sociétés – treize ans en France, quinze ans aux États-Unis, quand on compare les plus riches et les plus pauvres.

Mais ce qu’on peut dire de l’inégalité des vies tient-il dans cette seule mesure ? Deux illustrations suggèrent que cette quantification est nécessaire mais non suffisante. Élément troublant, en France, mais l’observation vaut pour d’autres pays occidentaux, quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle, les femmes ont une mortalité plus faible que les hommes. Ainsi les ouvrières vivent-elles plus longtemps que les hommes cadres, même si l’écart s’est réduit au cours des dernières décennies.

Ce fait, principalement lié à des différences de comportements à risque au regard de la santé, a souvent été décrit comme signant un privilège pour le sexe féminin. Or, d’une part, si les ouvrières ont une espérance de vie à 35 ans de deux années supérieure aux hommes cadres, leur espérance de vie sans incapacité est de sept ans inférieure, conséquence probable de conditions de travail défavorables ; l’avantage apparent est donc un artifice. D’autre part, et surtout, l’espérance de vie ne renseigne pas sur la qualité de vie, que ce soit en termes d’autonomie, d’émancipation, d’exposition au sexisme, et finalement de réalisation de soi ; nul besoin de souligner combien, sur ces différents plans, les femmes ont été et sont encore pénalisées dans un pays où elles n’ont obtenu que récemment le droit de voter et d’ouvrir un compte bancaire, l’accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse, l’autorité parentale conjointe et l’égalité des époux dans la gestion des biens de la famille, la reconnaissance des violences conjugales et du harcèlement sexuel.

(…) Qu’en France, ou ailleurs, les femmes vivent plus longtemps que les hommes ne nous dit rien, par conséquent, de ce qu’est leur vie ou, plus précisément, ce que la société en fait.

(…) Il y a ainsi, d’un côté, la vie qui s’écoule avec un commencement et une fin, et de l’autre, la vie qui fait la singularité humaine parce qu’elle peut être racontée : vie biologique et vie biographique, en somme. L’espérance de vie mesure l’étendue de la première. L’histoire de vie relate la richesse de la seconde. L’inégalité des vies ne peut être appréhendée que dans la reconnaissance des deux. Elle doit à la fois les distinguer et les connecter. Les distinguer, car le paradoxe des femmes françaises montre qu’une vie longue ne suffit pas à garantir une vie bonne.

(…) De cette inégalité, qui prend de multiples formes, à l’école et dans le travail, en termes de capital économique et de capital social, la plus profonde est celle devant la vie même.

Elle est en effet non seulement un fait majeur qui intègre nombre de dimensions de la vie sociale dont elle permet d’offrir une autre intelligibilité. Elle est aussi le fait le plus élémentaire qui caractérise la qualité éthique et l’ambition politique d’une société. L’évolution que j’ai décrite dans cette leçon montre que l’une et l’autre sont en crise dans le monde contemporain.

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