Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d’obèses (CNAO), agréé par le ministère de la Santé

Le 4 mars prochain se tient la 4e journée mondiale de l’obésité, où en est-on aujourd’hui en France vis-à-vis de l’obésité ?

Les chiffres sont assez alarmants : la moitié de la population est en surpoids et 17 % et obèse. Selon la DREES, près de 18,4 % des adolescents sont en surpoids (moyenne OCDE : 23,3 %), et 5,2 % d’entre eux sont obèses. L’obésité n’est pas un choix de vie ! C’est une maladie grave avec des conséquences extrêmement lourdes, voire fatales : le diabète, l’hypertension artérielle et les complications cardiovasculaires figurent parmi les 18 pathologies associées.

Le coût de l’obésité pour le système de santé et la société est important, estimé par la direction générale du Trésor à environ 22 milliards d’euros par an, et les maladies chroniques représentent aujourd’hui 84 milliards d’euros de dépenses de santé, soit plus de 60 % de celles de l’Assurance maladie, selon le Conseil économique, social et environnemental. Sans compter l’impact sur la population : problèmes de santé, difficultés dans la recherche d‘emploi, discriminations, etc. Il faut donc prévenir et soigner la maladie obésité, comme toute autre maladie. C’est une cause nationale et celle que défend le CNAO depuis 20 ans.

Que déploie le CNAO pour faire avancer la cause de l’obésité ?

Le collectif se bat tout au long de l’année pour impliquer les pouvoirs publics nationaux et internationaux, ainsi que les professionnels de la santé dans le parcours de prévention et de soins. Le CNAO est dans le groupe de direction de la feuille de route obésité du ministère de la Santé, qui a démarré en janvier 2020. Le CNAO effectue également un travail de sensibilisation auprès du CSA, des chaînes TV, radio et web sur les Journées de l’obésité, en les encourageant, par le biais d’une charte CSA, à relayer cet événement sur leurs antennes, avec la diffusion de reportages et documentaires sur la thématique de l’obésité, afin d’informer la population sur ses pouvoirs d’action.

Si le cadre réglementaire est posé, l’obésité n’est toutefois pas encore reconnue comme une maladie en France. Par conséquent, les professionnels de santé ne sont pas véritablement formés, dans les cursus universitaires et/ou d’apprentissage, à sa prise en charge et son accompagnement.

D’autre part, on remarque que le suivi post-opération bariatrique n’est pas assez satisfaisant. Un patient opéré qui est en reprise de poids se croit en échec et ne revient pas consulter la plupart du temps. Un suivi au long cours pour ces patients est extrêmement important. Pour cela, le réseau ville-hôpital est fondamental

Quel est votre objectif et vos actions pour le 4 mars ?

Lors de la Journée mondiale contre l’obésité, le 4 mars, le CNAO entend sensibiliser le grand public sur cette maladie, sur les risques associés à l’obésité, tout en éduquant sur des solutions concrètes à mettre en œuvre, au premier rang desquelles, l’alimentation saine et durable et la pratique d’une activité physique qui commence par la marche. Le CNAO veut aussi rappeler les fondamentaux autour de la maladie et insister sur la prévention, l’accompagnement et le suivi, dans un cadre professionnel ou non. Cela passe par l’omniprésence de la bienveillance à travers l’écoute, l’attention, l’intention et la lutte de chacun contre toute discrimination.

Notre objectif tout au long de l’année est de faire savoir que l’obésité se prévient, se soigne, et comme toute maladie, s’accompagne dans la lutte et dans la bienveillance de tous, c’est très important. L’obésité touche en particulier les personnes en situation précaire, on l’oublie aussi souvent.

Le CNAO a besoin de tous les professionnels de santé.
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