Nicolas Bioulou, président de la FHP Bretagne
Aucune autorisation de réanimation privée
En Bretagne, les réanimations sont exclusivement dans les hôpitaux publics. 240 lits supplémentaires aux 162 actuels seront nécessaires selon les estimations. Une prise en charge graduée est en place, les établissements se préparent à l’épidémie.
« Les patients positifs sont pris en charge par les structures support des GHT. Une gradation des soins est mise en place et nous prenons dans ce premier temps les patients « non Covid » », explique Nicolas Bioulou, président de la FHP Bretagne. La Bretagne est pour le moment peu touchée par la vague épidémique, et se trouve dans une phase d’organisation et de préparation. « En lien avec ces établissements support de GHT, nous avons créé des lits USC de post-réanimation qui pourraient à leur tour être transformés en lit de réanimation si nécessaire en phase très aiguë. Nous avons les compétences et les équipements. Nous anticipons l’étape suivante où nos collègues du public seraient débordés. »
Tous les établissements privés ont déprogrammé l’activité selon les consignes données à la profession. Des médecins anesthésistes réanimateurs participent aux lignes de permanence des soins des hôpitaux. À Rennes, une dizaine de médecins libéraux se sont mis à disposition du CHU pour renforcer les équipes si nécessaire.
« Nous sommes prêts à transférer nos équipements type respirateur vers l’hôpital dès que nécessaire. La coordination avec le secteur public, malgré quelques points de tension rapidement réglés, se fait avec tout le bon sens nécessaire. »
Dr Philippe Tourrand, vice-président de la Clinique Louis Pasteur, Essey-lès-Nancy
« Nous nous adaptons »
À la Clinique Louis Pasteur, le service de réanimation polyvalent est sanctuarisé pour les patients « non Covid » et un nouveau service de réanimation de 8 lits qui passera à 10 ou 12 a été créé ainsi qu’un service de médecine « Covid » de 30 lits.
« À cette heure, nous avons 1 place de libre en réanimation mais nous sommes en capacité de monter à 10 voire 12 lits. Nous étions partis sur une hypothèse de 20 lits », explique le Dr Tourrand. Ce lundi après-midi, les 30 lits d’un nouveau service de médecine « Covid » seront ouverts. « Nous avons réorganisé nos services et avons aménagé un service entier. Chaque chambre est monitorée. Nous savons que probablement un quart des patients nécessiteront une réanimation, nous devrons nous adapter. » Les étapes suivantes sont anticipées et un autre étage devrait recevoir des lits de post-réanimation « Covid ». Concernant les équipements de protection, la situation s’est débloquée ce week-end et l’établissement a bénéficié d’une livraison de la pharmacie du CHU pour répondre à la situation immédiate.
Ailleurs en Lorraine, des accords sont signés entre les établissements publics et privés : à Épinal le Pôle Santé La Ligne Bleue prend en charge les patients de l’hôpital dont l’activité est sanctuarisée « Covid ». Elle lui a par ailleurs envoyé ses respirateurs. À Thionville, la Clinique Ambroise Paré ouvre une unité « tiède Covid » sans lit de réanimation, et de même a envoyé ses respirateurs à l’hôpital de Metz.
Pascal Delubac, président de la FHP Occitanie
« Nous sommes au service de la population »
Conférence téléphonique quotidienne avec ARS et CHU, e-mail dédié « Covid » pour les adhérents FHP Occitanie, les acteurs régionaux se coordonnent. En Catalogne, une activité en mode dégradé est mise en place.
En Occitanie comme ailleurs, toutes les structures hospitalières privées ont déprogrammé leur activité sauf celle qui ne peut être reportée sans perte de chance pour le patient et les urgences vitales. « Deux actions ont immédiatement été mises en œuvre, une adresse mail pour les adhérents FHP pour favoriser la coordination en direct, et notre participation à la cellule de crise et sa conférence téléphonique quotidienne à 15h avec l’ARS et les 3 CHU de la région. Le point est fait sur la gestion des lits de soins critiques et sur la situation épidémiologique. Nous sommes au service de la population et en coordination avec l’hôpital. »
Les 7 cliniques de Catalogne ont proposé à l’ARS l’organisation suivante : 2 cliniques pilotent les soins critiques, la première a créé 5 lits de réanimation supplémentaires et la seconde 5 lits supplémentaires de surveillance continue transformés en lits de réanimation. Une clinique pilote l’activité de maternité, et deux autres mettent à disposition de l’hôpital matériel et personnel et préparent des lits de confinement. Enfin, 2 cliniques SSR offrent 45 chambres individuelles de délestage d’aval.
À Perpignan, 24 lits de réanimation dans le secteur public et 8 dans le secteur privé sont disponibles. « À la Clinique Saint Pierre, à ce jour, nous n’avons pas de patient testé positif. Les cellules de crise régionales permettent de faire une veille, d’analyser la situation au jour le jour et d’anticiper. Les capitaines du secteur privé sont tous au commande dans leur établissement et veillent sur le moral des médecins et des équipes. »
Jean-Louis Maurizi, président de la FHP PACA
« Nous avons doublé nos capacités de réanimation »
Hier, 3 patients « Covid » ont été pris en charge dans les services privés de réanimation. Le nombre de personnes infectées a doublé ce week end en PACA. Dimanche soir, les services de réanimation tous secteurs confondus étaient occupés à 32 % de leur capacité.
Tout d’abord la coordination entre tous fonctionne : conférences téléphoniques entre fédérations hospitalières régionales – FHF, FEHAP et FHP, et avec l’ARS. 9 établissements privés en PACA ont un service d’urgence et une réanimation. « Ils ont transformé leurs unités de soins intensifs en unités de réanimation. De plus, leur activité chirurgicale est totalement à l’arrêt et chaque bloc est équipé d’un respirateur. Par exemple, la Casamance a normalement 12 lits en réanimation et dispose aujourd’hui selon ce dispositif de 30 lits. Cette réorganisation permet de doubler les capacités de réanimation du secteur privé », explique Jean-Louis Maurizi. Le service de réanimation de l’Hôpital Nord de Marseille est chargé de la coordination des soins critiques à partir d’un tableur qui recense toutes les réanimations et leur taux de remplissage, et fait le point 2 fois par jour.
« Les maternités et les services de dialyse s’organisent pour disposer de filières bien séparées afin de protéger ces patients. Par ailleurs, depuis mercredi, les établissements de SSR doivent organiser des lits de repli pour les patients venant d’établissements de niveau 1. Notre gros problème actuel reste la livraison de masques qui devrait arriver aujourd’hui ou demain, et qui devrait être renouvelée toutes les semaines, des FFP2 pour les réanimations et les urgences et des masques chirurgicaux pour les autres services. L’agence fait ce qu’elle peut mais les moyens octroyés par l’État ne correspondent pas aux besoins. »