Sécuriser les prises en charge non-COVID

Le nombre de patients COVID hospitalisés en court séjour, et en particulier en réanimation, diminue lentement depuis deux semaines. Grâce à une mobilisation historique de tous les acteurs du système de santé et grâce aux effets du confinement, nous sortons progressivement de cette « première vague » que nous avons collectivement réussi à absorber.

Le déconfinement est prévu le 11 mai prochain. Pour autant, le risque de contamination n’aura pas disparu et une thérapie efficace n’est pas attendue avant plusieurs mois. Sans oublier l’éventualité d’avoir à faire face à une seconde vague. Nous devons donc apprendre à vivre, à travailler et à soigner avec le risque COVID.

La consigne nationale de déprogrammation des interventions chirurgicales non urgentes reste en vigueur. Mais elle a été assouplie, car si la majorité des patients pouvaient reporter leur intervention de 15 jours voire 1 mois sans perte de chance, la situation n’est plus la même quand le report s’allonge à 2 mois ou plus. Les retours de terrain sont nombreux sur l’augmentation des risques encourus par certains patients du fait du décalage des soins.

Cela sous-entend une attitude proactive de la part des professionnels de santé. D’une part envers les patients chroniques pour les inciter à reprendre leur parcours de santé : il faudra les rassurer sur les mesures prises en termes de sécurité vis-à-vis du risque de contamination. D’autre part envers ceux dont la prise en charge ne doit plus être différée : cette évaluation d’une perte de chance potentielle ne peut être faite que par l’équipe médicale qui connaît le patient.

Parallèlement, les Tutelles nous demandent de maintenir les capacités de réanimation qui seraient nécessaires en cas de nouvelle vague épidémique. La reconfiguration de nos structures ne sera pas un retour à la situation antérieure, mais une organisation inédite capable de durer dans le temps d’un point de vue sanitaire, social et économique. Le challenge sera de prévoir le pire et de renouer avec une activité « en routine » dans un environnement toujours menacé par le virus.

Soigner les patients COVID et non-COVID de notre territoire est notre devoir. Garantir une organisation des soins sécurisée est son corollaire. Trouver les ressorts nécessaires dans un tel environnement nous oblige à être inventifs.

Je terminerai cet édito en rendant hommage au Docteur Jacques FRIBOURG, dont nous avons appris ce week-end le décès des suites du COVID. Médecin urgentiste à l’Hôpital Privé de Trappes dans lequel il a exercé 38 ans et ancien Président du Syndicat National des Urgentistes de l’Hospitalisation Privée (SNUHP), il était passionné par son métier et animé par le souci d’être au service de la population.

Ségolène Benhamou
Présidente de la FHP-MCO