Cette première séquence de la pandémie appelle un sérieux débriefing et un retour d’expérience grandeur nature associant toutes les composantes de notre système de santé. Le plan national « Ma santé 2022 », annoncé en septembre 2018 par le Président de la République, semble dater d’une éternité, au temps où une rupture systémique mondiale n’était pas au programme des plans de continuité d’activité. Il demande à être réécrit à la lumière de nos expériences actuelles.
Les travaux sur la réforme des autorisations ont été stoppés par la force des choses. Ils doivent être suspendus jusqu’à un retour à une situation normale et repensés à l’aune de nouvelles considérations. Rappelons que les projets de réforme sur les soins critiques, portés notamment par les Conseils nationaux professionnels (CNP), pouvaient conduire à une sévère diminution de l’offre de soins : 1/3 des services de réanimation était potentiellement remis en cause et de nombreuses USC risquaient d’être « dégradées » en des unités où les patients ne pourraient pas être maintenus sous ventilation artificielle. Quelques semaines plus tard, face à l’épidémie, nous devions dans certaines régions multiplier par deux les capacités de réanimation existantes et upgrader des USC en véritables services de réanimation !
Nous partageons l’objectif annoncé par le Président de la République qui invitait dans son discours du 14 avril à « se réinventer ». En 2021, les établissements de santé auront à peine normalisé leur rythme d’activité, et c’est à l’horizon 2025 qu’il faut se projeter, étape par étape. Quelles seront les stratégies de réponse à la prochaine crise sanitaire, ou à la crise climatique dont personne ne pourra dire qu’il n’a pas été prévenu ? L’hospitalisation privée est incontestablement l’un des éléments de réponse et nous serons force de propositions.
Ségolène Benhamou
Présidente de la FHP-MCO