Le décret relatif au versement d’une prime exceptionnelle aux agents des établissements publics de santé et à certains agents civils et militaires dans le cadre de l’épidémie de covid-19 est publié. La prime leur sera versée au plus tard en juin 2020. Mais pour l’heure, rien n’est arrêté pour les professionnels de santé qui exercent dans le secteur privé.
Par cette prime, le ministère salue « la mobilisation exemplaire des équipes soignantes, techniques, logistiques et administratives et traduit la reconnaissance du Gouvernement pour leur engagement dans la gestion d’une épidémie sans précédent ». À l’inverse, l’engagement de celles et ceux qui ne sont pas (encore) éligibles à ce dispositif n’est-il pas reconnu ? Pourquoi des discussions décalées avec l’Administration sont-elles nécessaires concernant le secteur privé ? Nos professionnels de santé ont-ils entamé des discussions quand il s’est agi de monter au front ? Ont-ils démérité ? Ils ont pourtant pris en charge les mêmes patients, Covid-19 ou pas, que dans les hôpitaux publics.
Les ARS en sont témoins, les chiffres sont là, et les retours de terrain ne souffrent d’aucune ambiguïté. L’hospitalisation privée a rempli la mission qui lui a été confiée. Nos établissements ont pris en charge des patients Covid, ils ont accueilli les urgences non-Covid, ils ont apporté ressources humaines et équipements en renfort dans les régions les plus touchées. Nul ne remet en cause l’élan de solidarité de nos professionnels et de motivation sans faille dont ils ont fait preuve pour soigner la population et faire face à cette crise sanitaire.
L’histoire se répètera-t-elle comme en 2019, où l’hospitalisation privée a attendu un semestre pour obtenir l’indemnité « urgences » pour ses salariés ? Les contingences administratives vont-elles décrédibiliser la promesse présidentielle d’une prime pour tous les secteurs ? Même si les questions statutaires peuvent avoir des impacts sur les modalités de mise en œuvre, une approche globale et rapide du dossier doit être privilégiée, car chaque jour de retard supplémentaire pèse sur la confiance et le climat social.
À 20h, la population applaudissait indifféremment les salariés des hôpitaux publics et privés. Si la position du Gouvernement semblait claire, son application par l’Administration est à tout le moins incompréhensible, voire profondément irrespectueuse.
Ségolène Benhamou
Présidente de la FHP-MCO