La simplification est une clé. Elle constitue le 3e des 4 axes de travail du Ségur de la santé : Simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes, qui sera discuté par les 300 personnes participant à la concertation. Les débats ne seront donc pas « simples ». Comment éviter le consensus mou et obtenir la « radicalité » promise ?
Le premier niveau de simplification est collectivement à notre portée et la gestion de crise du Covid nous a montré la voie. Les compétences médicales, paramédicales et/ou les équipements adhoc ont glissé d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre, d’un secteur à l’autre, répondant à l’injonction des besoins en soins, avec également le renfort des structures d’HAD et des EHPAD. Les urgences chirurgicales ont été délestées sur les uns, les prises en charge Covid sur les autres. Les laboratoires privés sont venus renforcer l’offre en tests des laboratoires publics. Des autorisations temporaires d’ouverture de lits, notamment de soins critiques, ont sauvé des vies, bousculant fortement les paradigmes qui ont prévalu lors des travaux préparatoires à la réforme en cours des autorisations.
Il s’agit de faire sauter les verrous administratifs et normatifs qui n’ont pas fait la preuve de leur bénéfice pour les patients ni pour les professionnels. Faire confiance aux acteurs de terrain en leur redonnant des marges de manœuvre est source d’efficience à tous les échelons. Certes, une construction normative moderne sera nécessaire : elle s’appuiera sur la qualité et la sécurité de prise en charge des patients, et sur la mesure de données. En clair, cette démarche est « responsabilisante ».
Le deuxième niveau de simplification est celui de la gouvernance, il est de nature systémique. Combien d’agences publiques en santé compte notre pays, chacune devant s’articuler avec les autres et avec son Ministère de tutelle ? De combien d’organisations représentatives chaque profession en santé peut-elle se prévaloir ? Complexe, cette simplification doit constituer la fondation à toute autre. Le Ségur réunirait alors, non plus 300, mais une trentaine d’acteurs au service de la santé publique.
Ségolène Benhamou
Présidente de la FHP-MCO