1,2, 3 Questions du 16/11/20 – Bertrice Loulière et Marine Dell’ova Doutremepuich

Bertrice Loulière
Coordonnateur de l’Observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique (OMEDIT) Nouvelle-Aquitaine Guadeloupe

Marine Dell’ova Doutremepuich
Pharmacien PH OMEDIT Nouvelle-Aquitaine Guadeloupe

Vous interveniez au Club Pharmacie de la FHP-MCO en septembre alors que la 2e vague épidémique se précisait, quel est le message que vous souhaiteriez faire passer aux pharmaciens ?

À la fin de la première vague Covid, nous sommes sortis du mode d’allocation nationale pour les médicaments critiques et les établissements ont retrouvé l’autonomie des commandes. Mais nous avons encore besoin de connaître l’état des stocks de tous, en cas de besoin de régulation.

Ainsi, il est demandé aux pharmaciens de renseigner la plateforme nationale « Ma PUI » -prochainement « dispostock » -, au moins une fois par semaine, et si les tensions s’aggravent, bi-hebdomadairement voire tous les jours, selon l’évolution. Il est enfin nécessaire de veiller à la justesse des quantités réellement consommées et en stock, conditionnant les approvisionnements au plus près des besoins.

Comment se présente la montée en charge du codage des médicaments et des DMI ?

Le contexte général des secteurs MCO publics et privés indique une très forte croissance de consommation des médicaments inscrits sur la liste en sus. Alors que l’augmentation cible est fixée à 3 % pour l’année 2019, on note une augmentation nationale de 14,8 % (11 % pour le secteur privé) en 2019, comparé à l’année précédente, pour un montant de 3,9 milliards d’euros. La raison de cette croissance repose principalement sur les anticancéreux et sur certains médicaments inscrits nouvellement sur la liste en sus, sans radiation majeure associée.

Également et toujours pour tous secteurs public et privé, la croissance de consommation de DM liste en sus, moins forte que pour les médicaments et plus proche de la borne 2019 fixée à 3 %, s’élève à 3,7 % (3,2 % pour le secteur privé). Les dépenses du secteur privé représentent 46 % pour un montant de 932 millions d’euros.

2019 est l’année de montée en charge du codage des indications via les PUI en lien avec les prescripteurs et la facturation ; à partir de mars 2019, le bon codage conditionne le remboursement.

En retour d’expérience de la Nouvelle-Aquitaine, nous avons accompagné les établissements de santé à cette mise en œuvre : 100 % des établissements de santé privés de la région ont mis en œuvre le codage des indications. Seul 0,6 % des codages comporte des anomalies.

Les marges d’amélioration sont nombreuses notamment : l’évaluation de la pertinence des médicaments à fort enjeu, l’usage justifié des hors AMM codés I999999, la poursuite de la promotion des médicaments biosimilaires, la fiabilisation du codage et l’utilisation réglementaire du codage I999998.

Cette nouvelle approche demande une collaboration pluri-professionnelle entre les services prescripteurs, la pharmacie, la facturation, le PMSI.

Quel est le niveau de traçabilité informatique des DMI ?

Les résultats de l’enquête nationale réalisée en 2019 montrent que 73 % des cliniques ont d’ores et déjà mis en place un système de management de la qualité (vs 63 % national). Dans 82 % des cliniques, une personne est en charge de la traçabilité des DMI (vs 70 %). 92 % des établissements ont un dossier patient informatisé. 96 % des PUI bénéficient d’une gestion informatisée de leurs stocks avec un logiciel dédié le plus souvent. Mais il faut pointer une très grande hétérogénéité avec plus de 100 logiciels sur le marché ; seuls 45 % des services utilisent un outil interopérable nécessitant un transfert d’informations entre services utilisateurs et PUI. Il est à noter que, dans la majorité des cas, les informations arrivent du bloc sur papier et sont ensuite enregistrées informatiquement. Ainsi, la traçabilité et le partage se font à posteriori et non en temps réel. Par ailleurs, notons qu’un tiers des établissements dispose d’un lecteur automatique à barre et que cette acquisition est une priorité pour 35 % des répondants.

Si 90 % des établissements renseignent correctement l’identification du DMI, du patient et de l’opérateur, seuls 42 % renseignent l’indication de pose de DMI. Dans le dossier patient, environ 50 % des établissements renseignent les informations sur les DMI ; 11 % ne le font que pour certains DMI les plus à risques. La moitié des répondants remet au patient à sa sortie un document d’information relatif au DMI, et 77 % au médecin traitant et adresseur. Souvent la durée de vie du DMI n’est pas indiquée.

Pour améliorer cette dynamique et notamment l’information au patient, l’OMEDIT Nouvelle-Aquitaine, en lien avec l’ARS, a réalisé un flyer « information du patient et des professionnels sur les DMI » avec l’Assurance maladie et France Assos Santé Nouvelle-Aquitaine ainsi qu’un film pédagogique.