Dr Paul Garassus, président de l’Union européenne de l’hospitalisation privée (UEHP)
Un ticket pour la liberté
Je suis médecin et je me suis fait vacciner jeudi dernier. J’ai eu l’impression de passer le contrôle à un aéroport et de m’envoler vers la liberté. D’un seul coup, on m’offrait un ticket tout à la fois pour la responsabilité et l’insouciance. Dans 5 semaines, je pourrai poursuivre mon chemin, reprendre une vie relationnelle collaborative, professionnelle et familiale. Revoir mes parents âgés et partir en vacances avec mes petits-enfants. L’embellie est là, en maintenant les gestes de prudence.
Je suis en face de patients tous les jours, mon souhait est de les protéger. Le médecin que je suis dans sa fonction mais aussi en tant que personne humaine, se sent sécurisé grâce au vaccin. Mon premier réflexe est de remercier de façon profondément sincère les scientifiques qui ont permis cette avancée exceptionnelle. Ils ont inventé un vaccin accessible à tous : la science a été le vecteur de cette victoire potentielle. Merci donc à tous les chercheurs qui ont travaillé sous la pression des événements et à tous les laboratoires qui ont pris des risques financiers pour développer et offrir une solution thérapeutique innovante face à une crise mondiale dont bon nombre de conséquences néfastes sont encore à venir.
La parole scientifique, c’est la raison. Notre culture européenne est basée sur la science et la technique, c’est un des fondements de mon action à l’UEHP. Cet argument rationnel, qui vient du latin raison, prend le pas sur les pathologies sociales dont les « anti vax » font partie. Ces pathologies sociales discréditent un discours scientifique sur des arguments erronés. Aujourd’hui notre engagement collectif et ma motivation personnelle sont de mettre le rationnel scientifique et médical au centre du débat.
De nombreuses personnes se feront vacciner et en acceptant cette petite incertitude liée à toute thérapeutique nouvelle, ils sauveront notre avenir collectif. Le fait individuel devient un fait collectif. Il faut 50 à 60 % de taux de vaccination pour éradiquer la maladie, c’est cela notre objectif. Collectivement, on va gagner car on va y aller !
Dr Marie-Paule Chariot, présidente de la Conférence nationale des présidents de CME de l’hospitalisation privée (CNP-CME-HP)
300 morts par jour évités grâce au vaccin
Nous avons obtenu de l’ARS l’autorisation de vacciner à la clinique à partir d’aujourd’hui. Je suis médecin anesthésiste-réanimateur et je me suis fait vacciner ce week-end. Je suis convaincue que le vaccin est la seule solution si l’on veut sortir de cette épidémie. La Covid 19 tue environ 300 personnes par jour et si ces personnes avaient été vaccinées, elles auraient évité la forme grave de la maladie. C’est simple : le vaccin protège contre cette forme grave qui tue ! Des précautions identifiées sont à prendre : allergies au solvant, cumul avec le vaccin contre la grippe, etc. mais elles sont minimes.
Je regrette que la parole scientifique se soit éparpillée au lieu d’être ciblée. De fait, les « anti vaccin » sont davantage audibles que les « pro vaccin ».
J’appelle tous les établissements de santé privés à être candidats pour vacciner les soignants mais aussi la population. En cas de risque, nos établissements de santé sont équipés pour faire face à toutes les situations. Il ne faut qu’aucun personnel puisse nous reprocher de ne pas lui avoir proposé la vaccination et pris soin de lui. Ensuite, s’il refuse, c’est sa décision. J’appelle également tous les présidents de CME à favoriser l’implantation des organisations nécessaires pour vacciner et à en être des promoteurs.
Nous devons marteler ce message simple : 300 morts par jour peuvent être évités grâce au vaccin.
Dr Emmanuel Briquet, directeur de la stratégie et du développement médical – Vivalto santé
Un devoir d’exemplarité !
Chez nous, la vaccination a démarré mercredi dernier en priorité au bénéfice des personnes qui travaillent sur les sites de soins, puis des personnes mobiles du siège. Demain matin, je suis sur la liste pour me faire vacciner. Au titre de médecin et de cadre dirigeant d’entreprise, j’ai une obligation d’exemplarité auprès de nos collaborateurs, car il faut être logique avec les actions que nous menons, et d’une manière générale auprès de tous ceux qui douteraient car moins bien informés.
Sur le papier, ces vaccins ARN sont efficaces, et comme tous médicaments, présentent des effets secondaires possibles. Une fois la balance bénéfice-risque personnelle étudiée, je n’ai aucun argument suffisant pour ne pas entrer dans la démarche de vaccination. Je pense que c’est la seule façon de sortir de l’épidémie. La vaccination fait partie des armes qui nous ont sauvés dans l’histoire. Outre les décès liés à l’épidémie, je n’oublie pas les retards de prise en charge : nous sommes tous candidats à la Covid mais nous sommes aussi, tous candidats aux autres pathologies.
En tant que médecin, j’observe cette campagne de vaccination avec un œil informé et dépassionné. À l’instar des retours de nos établissements bien au-delà du taux national ressenti de 50 %, je suis convaincu que bien plus de personnes se feront vacciner.
Je déplore que la parole scientifique ait été abîmée durant cette crise. Les polémiques surgies au cours de la première vague ont causé du doute, de l’incrédulité, y compris dans la communauté scientifique. À l’annonce de ce vaccin, moi aussi, j’ai ressenti un sentiment d’inconfort et j’ai marqué un temps d’arrêt. Me rappelant mes vieux réflexes de chef de clinique, j’ai vérifié par moi-même les publications scientifiques dont certaines étaient d’ailleurs bien relayées par la presse grand public de qualité. Les publications sur la phase 3 de Pfizer par exemple sont de très bonne qualité, parfaitement accessibles et compréhensibles. Elles permettent de faire tomber les grandes questions : non, il n’y a pas de manipulation génétique. Il faut apaiser les inquiétudes en rappelant aussi que les recherches sur les virus ARN datent du SARS COV 1 il y a dix ans ; également, les industriels sont des gens responsables, car c’est aussi leur intérêt. À l’exception de quelques fauteurs de troubles, la parole scientifique est robuste, fiable, loyale, transparente et doit le rester.