Une campagne tarifaire atypique

À période inédite, campagne atypique. La publication au JO de la campagne tarifaire est attendue le 31 mars, toutefois, des éléments de construction ont été annoncés.

Cette campagne est tout d’abord inhabituelle si l’on en juge par l’augmentation des tarifs de 6,4 % pour le secteur hospitalier privé, ce en raison de l’intégration des mesures Ségur. De plus, les mécanismes de cette édition 2021 dérogent à la politique tarifaire issue des coûts, jusqu’alors prévalente. Elle s’illustre enfin par une grande complexité car sa construction prévoit notamment la mise en œuvre d’un coefficient d’impact des mesures Ségur dans les tarifs, des effets sur les Migac, ou sur la dotation populationnelle des urgences, mais également la création d’une enveloppe complémentaire AC dédiée également au Ségur.

Si dans le cadre du principe de pluri-annualité, l’État s’engage sur une progression de l’Ondam de 2,4 % par an et des financements de 0,2 % en 2022, les impacts économiques de la crise sanitaire risquent de bouleverser les grandes politiques nationales dans les années à venir. Le Haut Conseil du Financement de la Sécurité Sociale tire le premier le signal d’alarme : supposant une croissance économique autour de 3 % par an, limiter la progression des dépenses sociales à 2,5 % ne permettrait pas d’envisager un retour à l’équilibre avant la fin de la décennie. Une grande prudence s’imposera dans la construction des campagnes budgétaires à venir.

Enfin, la seule appréciation de la campagne tarifaire ne suffit plus pour dresser les perspectives économiques de nos entreprises dans la mesure où des réformes structurelles de financement et des autorisations d’activité sont en cours : en 2021, les réformes du financement des urgences et de la médecine sont lancées, en 2023-2024, la réforme des soins critiques, celle du financement de l’HAD, la radiothérapie, ou encore de la maternité sont attendues.

Dans cet écosystème en mutation, notre agilité et la démonstration de notre place dans l’échiquier sanitaire seront nos meilleurs atouts.

Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO