VIH : indétectable = intransmissible, un message encore trop peu connu

Depuis plusieurs années, les études l’ont démontré de façon claire : les personnes sous trithérapie chez qui le virus est indétectable* ne transmettent pas l’infection lors de rapports sexuels non protégés. Un message qui a du mal à se diffuser, même auprès des personnes vivant avec le VIH.

Un quotidien transformé en quelques années 

Avant l’arrivée des premières trithérapies en 1996, les personnes séropositives au VIH développaient en quelques années le Syndrome d’Immuno Déficience Acquise (SIDA), les entraînant irrémédiablement vers la mort. Avec ces premiers traitements, les patients devaient s’astreindre à prendre une vingtaine de comprimés par jour et développaient de nombreux effets indésirables. Depuis, beaucoup de progrès ont été faits, avec des traitements bien mieux tolérés et la possibilité d’être traité en un seul comprimé par jour. Au point qu’aujourd’hui, les personnes vivant avec le VIH ont une espérance de vie et un quotidien similaires à ceux de personnes non infectées.

Un risque de transmission nul chez les personnes sous traitement 

Mais le progrès le plus important est sans doute celui qu’ont rappelé les associations de patients lors de la dernière journée mondiale contre le Sida, en décembre 2020 : « Une personne séropositive sous traitement antirétroviral avec une charge virale indétectable depuis plus de 6 mois et qui bénéficie d’un suivi clinique régulier et global (soutien à l’observance, détection et traitement des IST) ne transmet pas le VIH« . La charge virale est dite indétectable quand la quantité de virus dans le sang est en-dessous d’un certain seuil (< 50copies/mL).

Ce fait scientifique a été démontré par plusieurs études : l’étude HPTN 052 publiée en 2011, 1er essai à avoir instauré le traitement comme outil de prévention (TasP, treatment as prevention) ou encore PARTNER1 (auprès de couples hétérosexuels et homosexuels) et PARTNER 2.

Cette dernière étude, PARTNER2 a suivi près de 1 000 couples d’hommes homosexuels de 14 pays européens, où l’un des partenaires était infecté par le VIH et sous traitement suppressif, et l’autre était séronégatif. L’étude a suivi les couples de septembre 2010 à avril 2018, période au cours de laquelle les couples ont rapporté près de 77 000 rapports sexuels anaux sans préservatif, sans qu’aucune transmission du VIH ne se soit produite (15 participants ont été contaminés, mais il a été prouvé qu’ils l’avaient été par d’autres partenaires). 

Malgré cela, la crainte de la contamination reste ancrée dans les esprits… 

L’absence de risque de transmission reste cependant très mal connue du grand public. Selon un sondage réalisé par l’institut CSA pour l’association AIDES en octobre 2017 sur 1000 personnes en France, la première raison invoquée lorsque les Français se sentent « mal à l’aise » vis-à-vis d’une personne séropositive est la peur de la contamination.

Dans ce sondage, seulement 2% des personnes interrogées connaissent le risque « très faible, voire quasi nul » de contamination en cas de rapports sexuels sans préservatif avec une personne séropositive sous traitement (et 87% des répondants pensent que cela constitue « un risque élevé voire très élevé » de contamination).

Même méconnaissance vis-à-vis de la grossesse : 71 % des personnes interrogées pensent qu’une femme enceinte séropositive et sous traitement a un risque « élevé voire très élevé » de contaminer son enfant. 6% seulement des répondants évaluent ce niveau de risque correctement, à savoir de « très faible voire quasi nul ».

…même dans les populations les plus concernées ! 

Dès lors, il ne semble pas étonnant que même dans la population des personnes vivant avec le VIH correctement prises en charge, la méconnaissance de ce message persiste. Une étude, menée aux États-Unis auprès de plus de 100 000 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) a démontré que seulement 53,2 % d’entre eux perçoivent le message « Indétectable = Intransmissible » comme exact, avec les taux les plus élevés parmi les HSH séropositifs (83,9 %), suivis des HSH séronégatifs (53,8 %) et des HSH de statut inconnu (39,0 %).

Autant dire que ce message doit continuer à être répété et largement diffusé.

* charge virale indétectable : quantité de virus dans le sang <50copies/mL.

Sources