Gouverner, c’est planifier et organiser

L’impossibilité de prévoir était une des grandes difficultés de la gestion de l’épidémie et malgré les progrès sur la connaissance de la maladie, cela le demeure encore. L’observation en temps réel des conséquences de l’absence de prévoyance et de planification a accéléré nombre de réflexions. Elle a conforté le HCAAM dans sa vision d’offrir au système de santé une trajectoire pluriannuelle des activités et des ressources.

Le récent avis du Haut Conseil de disposer d’une vision à 5 ans fait écho à l’approche pluriannuelle de l’Ondam à 3 ans, dont le premier protocole a été signé en 2020, ou à l’évolution progressive, à 5 ans également, du financement des dotations populationnelles des urgences. Autant de dispositifs qui autorisent un management visionnaire et doivent être consolidés. Nous sommes d’accord avec le Haut Conseil qui alerte sur l’incapacité de la régulation actuelle du système de santé à répondre au besoin profond de transformation, et de même avec la Commission pour l’avenir des finances publiques qui condamne une approche court-termiste, au détriment de réformes structurelles de moyen et long termes. Nous serons très attentifs, et participatifs si besoin, aux travaux du HCCAM des prochains mois, qui aboutiront à un rapport en 2021.

Ces indices et ces mesures embryonnaires dessinent progressivement un monde d’après où les enveloppes aléatoires dans le temps et l’espace doivent appartenir au passé, où une place pour la santé publique, une gestion interministérielle par projet, des financements sanctuarisés et une extension du panier de soins prévaudront. Opterions-nous enfin pour une approche plus systémique, tout en développant la territorialisation de la politique de santé ? Ces évolutions passeront-elles par une « coopétition », mix de coopération et de compétition, paradigme plébiscité et affiché il y a trois ans au sein de la stratégie de transformation du système de santé sur l’organisation territoriale des soins : une collaboration d’émulation entre les différents acteurs qui sont par ailleurs concurrents dans chaque territoire ? Cette coopération-compétition deviendra-t-elle le nouveau modèle d’un parcours de soins efficient et pertinent au service des patients ? Pour cela, il faudra confirmer la fin du clivage public/privé et mettre fin à l’organisation en silo qui est une ineptie sanitaire face à la nécessaire efficience des parcours des patients.

Une certitude, les acteurs sont demandeurs d’évolutions du système, dans un cadre réellement négocié avec toutes les parties, démontré par les plus de 270 expérimentations mises en œuvre au titre de l’article 51.

Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO