Post COP26 : un devoir d’exemplarité pour la santé

Réviser et renforcer les ambitions climatiques des États ne suffira pas à respecter l’engagement de l’accord de Paris qui limite le réchauffement de la planète à 2 voire 1,5 degrés. Les contributions nationales obligatoires des signataires de l’accord indiquent pour l’heure une trajectoire d’un réchauffement catastrophique de 2,7 degrés d’ici la fin du siècle, c’est-à-dire quand les bébés qui naissent aujourd’hui dans nos maternités auront 79 ans.

La NHS en Angleterre poursuit depuis 10 ans son protocole de réduction des émissions des gaz à effet de serre et annonce la neutralité carbone de son système hospitalier en 2045. Nous démarrerons en septembre prochain l’enregistrement de nos consommations énergétiques sur la plateforme Operat comme nous l’impose le décret tertiaire. La tâche est complexe. Pourtant, mesurer est indispensable pour rédiger ensuite un plan d’action avec des objectifs gradués et atteignables de réduction. Alors que l’obligation d’un bilan des émissions de gaz à effet de serre (Beges) s’applique aux établissements de santé privés de plus de 500 salariés depuis 2012, il est de notre devoir à tous d’en réaliser un. Néanmoins, dans une économie contrainte, des crédits d’amorçage pour permettre cette transition environnementale sont les bienvenus afin de disposer d’un effet accélérateur. Espérons que la mesure 14 du Ségur de Juillet 2020* sera une mesure équitable qui portera ses fruits et surtout emportera l’ensemble des acteurs hospitaliers publics, associatifs, et privés à mission.

Le secteur hospitalier sera vite au front pour soigner les impacts du changement climatique et il sera en capacité de remplir sa mission dès lors qu’il aura mis en place une organisation résiliente. Les établissements de soins doivent tous travailler ensemble pour améliorer leur organisation et baisser leurs consommations énergétiques suivant des bonnes pratiques à évaluer ou réévaluer. De plus, les impacts environnementaux importants de leur activité d’une part, et leur pouvoir éducationnel auprès des patients, accompagnants, et de la population de leur bassin de vie d’autre part, les obligent à un devoir d’exemplarité dans leurs pratiques.

Plus personne n’interroge la démarche qualité qui nourrit chacune de nos décisions, une « culture environnementale » doit désormais essaimer dans nos établissements comme un standard attendu demain par nos patients et différentiateur d’ores et déjà pour les jeunes générations de médecins et de soignants.

Notre engagement dans ce domaine doit dépasser les obligations réglementaires.

Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO  

*Réduire les coûts de gestion des déchets d’activité de soins à risques infectieux ; expérimenter des projets pilotes pour mettre fin au plastique à usage unique dans la restauration collective et réduire le gâchis alimentaire ; évaluer les besoins en termes de rénovation énergétique hospitalière et mobiliser les financements issus du plan de relance européen ;  introduire une règle « verte » pour contribuer, grâce au plan de relance, au financement des travaux de rénovation thermique des hôpitaux.