Avec l’arrivée d’une 5e vague, les soins critiques sont à nouveau sous les projecteurs médiatiques et surtout à l’ordre du jour des réunions régionales des professionnels hospitaliers avec leurs ARS. Comment répartir équitablement les activités Covid et non Covid sur un territoire afin d’éviter les pertes de chances pour les patients, quand de surcroît, les établissements hospitaliers font face à des pénuries inédites de ressources humaines ?
Un rapport IGAS non encore rendu public, que la presse a déjà commenté quand les acteurs amenés à coconstruire l’offre de soin n’y ont pas accès, dresse un état des lieux. L’hétérogénéité de l’offre entre les régions fait consensus. De même, la limitation de création d’unités de soins intensifs d’organes ouvrant le champ à la pneumologie et à la néphrologie, ou la convergence des pratiques d’admission sont des solutions partagées. À l’inverse, ce rapport soulève des incompréhensions si l’on souhaite un schéma pragmatique à l’horizon 2030.
Rappelons que 82 autorisations de soins critiques ont été délivrées aux établissements de santé privés pour faire face à la première vague et aux suivantes. Renoncer à créer de nouvelles structures de réanimation présente au moins trois risques majeurs. Le premier est celui des risques sanitaires pris dès lors qu’une seule structure potentiellement faillible assure la qualité et la sécurité des prises en charge attendues. Le deuxième, concomitant, est celui de l’accessibilité géographique pour une partie de la population. Faut-il rappeler les écarts de 1 à 2 concernant le nombre de lits installés pour 100 000 habitants, suivant les régions. Le troisième est l’absence d’une appropriation suffisante de ces pratiques pour faire face à de nouvelles crises sanitaires.
À l’heure de cette 5e vague, les ARS sollicitent à nouveau tous les établissements pour répartir les patients au sein d’un même territoire. Or, la concentration d’une activité génère une hyperspécialisation des compétences, limite la polyvalence nécessaire et rigidifie le système de santé dans son ensemble. Les lits des unités de surveillance continue seront de nouveau sollicités, il ne faut pas qu’ils soient les oubliés de la réforme des soins critiques.
La seule réserve sanitaire, même revisitée, ne peut répondre à elle seule à la nécessaire élasticité de l’offre de soins. Elle doit être un dispositif d’appui mais non supplétif. Un difficile équilibre est à trouver entre l’unité de soins critiques d’un monde idéal et la prise en compte des réalités. In fine, il s’agira de faire confiance aux professionnels de santé dans leur appréciation des situations.
Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO