Bruno MASSON, président de la FHP Auvergne-Rhône-Alpes
Quelle est la situation régionale aujourd’hui ?
Notre taux d’incidence régional est 300 points plus élevé que l’incidence nationale. Plus épargnés par les vagues printanières, nous sommes très fortement impactés à l’automne et l’hiver.
Cette 5e vague se différencie par la crise des ressources humaines. Nous disposons d’un capacitaire en CDI d’infirmiers et aides-soignants inférieur aux besoins. Notre dernière enquête de l’automne montre un manque d’environ 500 postes. Notre capacitaire a diminué d’environ 15 à 20 % entre décembre 2020 et décembre 2021. 50 % des établissements sont en sous-effectif. L’absentéisme dû au Covid se cumule à celui habituel, notamment saisonnier. Par ailleurs, le marché des soignants en CDD est asséché, absorbé par les centres de vaccination qui ont réouvert et ont créé un appel d’air, et un peu les laboratoires. La situation est délétère.
Comment s’organise la déprogrammation dans votre région ?
L’ARS a demandé une déprogrammation à 100 % le 22 décembre hormis les urgences, les activités de cancérologie et dialyse et les situations de pertes de chances immédiates. Nous avons maintenu l’activité de dépistage : un enseignement tiré des précédentes vagues. En routine, nous disposons en région, secteurs public et privé de 560 lits de réanimation, nous sommes montés à 1 200 lits en novembre/décembre 2020. Aujourd’hui 770 lits de réanimation sont ouverts. Compte tenu des difficultés de personnel, il nous est impossible d’aller au-delà. Notons que nous avons actuellement 390 patients atteints du Covid en réanimation.
L’hospitalisation privée dispose de 12 % des lits de réanimation, aujourd’hui comme en 2021, nous sommes montés à 15 %. L’enseignement des précédentes vagues a montré qu’il était plus utile d’augmenter le capacitaire existant plutôt que d’ouvrir des réanimations éphémères. Sur la base du volontariat, des soignants renforcent les équipes en intra et intersecteurs.
Depuis le 5 janvier, le nombre de patients en réanimation se stabilise, ainsi l’ARS autorise depuis le 12 janvier la reprise maîtrisée et concertée de l’activité en ambulatoire, qui s’élève à 70 % chez nous. Nous reprenons l’accueil plus large des patients non Covid.
Comment s’organise la collaboration avec vos collègues des hôpitaux publics ?
Depuis mars 2020, l’ARS a fait le choix de la collaboration et a misé sur le dialogue. La région a été découpée en 8 territoires, et l’activité est coordonnée via des réunions hebdomadaires. Les relations sont bonnes, nous avons une meilleure connaissance de chacun et des établissements. La coopération, l’entraide sont nécessaires et ont démontré leurs effets positifs.
Nous sommes rodés et connaissons les modes d’organisation qui mettent malheureusement les équipes sous tension.