1,2, 3 Questions – Alexis Vervialle

Alexis VERVIALLE, conseiller technique santé pour France Assos Santé

Dans quel esprit ont été rédigées les 20 propositions pour l’avenir du système de santé de France Assos Santé en cette année électorale ?

Au vu de la richesse de notre réseau, cela a été un vrai exercice de synthèse que de sélectionner 20 propositions… Cependant, nous sommes des acteurs de la démocratie en santé et nos 20 propositions visent à rassembler autour d’un système de santé qui a été bousculé et fragilisé. Elles s’articulent autour des trois valeurs : liberté, égalité et fraternité, qui font la France. Soit la liberté d’être informé et de pouvoir décider, l’égalité d’accès aux soins et la fraternité d’un système humaniste et solidaire.

L’éducation à la santé est primordiale pour acquérir cette liberté d’action en santé. L’espérance de vie en bonne santé est respectivement pour les femmes et les hommes de 64 et 62 ans. Des systèmes de santé accordant plus de place à la promotion de l’éducation à la santé obtiennent de meilleurs résultats.

Il faut donc pouvoir agir sur l’importance de la nutrition et de la pratique sportive, les méfaits du tabagisme ou de l’alcool pour aider les citoyens à se prévenir des maladies et entretenir leur capital santé. Ces mesures impliquent des changements sociétaux pour permettre à chacun, dès son plus jeune âge, d’opter pour de bonnes pratiques.

Mais ce sont aussi des mesures simples comme élargir le nutriscore à tous les aliments et appliquer une taxe santé sur les produits nocifs.

Comment souhaitez-vous voir évoluer votre rôle des usagers au sens large ?

Le recueil de l’avis des patients sur la qualité des soins est une proposition à laquelle France Assos Santé tient beaucoup. Au-delà de données chiffrées, nous avons peu recueilli l’avis des patients au sein des établissements et du système de santé. Des entretiens individuels, des travaux de groupes, des enquêtes aux questions ouvertes permettent d’aller plus loin dans ce recueil en vue d’améliorer le système de santé. Il est nécessaire de s’appuyer sur l’expérience des patients au sein des établissements de santé pour les faire évoluer. Les outils du design notamment nous permettent de construire des organisations de santé pensées avec les usagers.

Nous souhaiterions que les commissions des usagers soient associées au plus près des directions hospitalières. Il faut aussi que les patients connaissent les représentants des usagers pour qu’ils puissent se confier, afin de faire évoluer les pratiques. Les choses bougent peu à peu et certaines directions qualité deviennent des directions qualité et expérience patient. Impulser une nouvelle culture de l’expérience patient au sein des directions d’établissement suppose un engagement de la gouvernance, la formation des professionnels de santé aux enjeux de l’expérience patient et la mise en place de groupes de travail. Cela demande également de travailler en lien avec les représentants des usagers actuellement implantés dans les établissements (cf. notre guide sur le sujet).  Des MOOC ou des sessions d’e-learning pour sensibiliser les professionnels de santé peuvent accompagner ce mouvement. Ce changement culturel et organisationnel prendra du temps mais il est nécessaire.

Vous parlez de fraternité en santé, à quoi pensez-vous ?

La fraternité suppose le partage et le respect, d’où la question du partage équitable de l’accès et la continuité des soins sur tous les territoires. France Assos Santé souhaite le passage d’un exercice solitaire à un exercice solidaire. Nous sommes favorables au développement en ville (quelle que soit leur taille) de structures d’exercices coordonnés qui permettent d’avoir une offre pluriprofessionnelle. Ces maisons ou centres de santé participent à la réduction des déserts médicaux et ont de meilleurs indicateurs de santé publique. Enfin, ils permettent de recruter en particulier de jeunes praticiens attirés par ce type d’exercice. L’hôpital peut alors recentrer son activité de prise en charge.

Enfin, nous appelons de nos vœux un nouveau modèle relationnel dit partenarial entre les usagers et les professionnels de santé. Ce modèle, inspiré de celui de Montréal notamment, a des applications partout où existe la dyade patient-soignant (au sein des équipes de soins, de recherche clinique, etc.) mais également dans la formation des professionnels.  Ainsi, dans le cadre du traitement des maladies chroniques, il est fréquent de rencontrer plusieurs fois une équipe de soins et parfois des difficultés d’adhésion au traitement se présentent par manque de cohésion entre le patient et le professionnel de santé. Une relation partenariale peut modifier cet état de fait.

Plus globalement, on voit bien que 20 ans après la loi fondatrice sur les droits des malades, il y a une diversification des formes d’engagement des usagers tant au niveau individuel (participer à ses propres soins, participer à des enquêtes, etc.), qu’au niveau collectif (s’engager dans des communautés de patients en ligne, dans des collectifs, etc.). C’est une formidable opportunité.

À tous les étages du système de santé, le patient a une expérience à partager, et il faut en profiter : cela améliore les soins.

www.france-assos-sante.org