Patrick SERRIÈRE, président de la FHP Île-de-France
Pénurie des ressources humaines : qu’observez-vous en Île-de-France ?
La pénurie est inégalée, elle est totale et générale. Tous les secteurs de l’hospitalisation et toutes les catégories de personnels soignants sont concernés : infirmiers, infirmiers de blocs, infirmiers de soins critiques, aides-soignants, manipulateurs radio, pharmaciens, préparateurs en pharmacie…
À l’instar des autres régions, nous sommes donc dans l’obligation de limiter l’activité. À cette situation s’ajoutent les problèmes de formation, les autorisations non obtenues, le mouvement des sages-femmes particulièrement impactant chez nous, ou encore un coût de la vie très élevé (notamment le logement) qui ne rend pas notre région attractive pour ces personnels.
Dans ce contexte très difficile, certains arbitrages de la tutelle sont totalement hors-sol, par exemple le dossier des Ibode. En direction de l’ARS, mon leitmotiv est : aidez-nous, soyez notre porte-parole ! L’hospitalisation privée pèse environ 20 % de l’offre, nous sommes à deux pas du ministère, nos demandes devraient être entendues. Pour l’heure et dans un contexte d’élection présidentielle, nous faisons connaissance avec notre nouveau DGARS, le 6e en 15 ans de présidence de la FHP régionale.
Comment réagir au dumping social que vous observez en Île-de-France ?
Tous les établissements essaient de fidéliser et de recruter du personnel soignant. Ce n’est pas le meilleur moment pour mettre en place des mesures dites « d’intérim régional préconisé », lancées par l’AP-HP avec le soutien de l’ARS. Cette apparente bonne idée est en réalité explosive car il s’agit de proposer à des infirmières (en CDD) un salaire nettement supérieur à celui de leurs collègues. C’est une bombe à retardement. Encore une fois, nous sommes hors-sol. Le premier bilan de ce système ouvert il y a deux semaines et qui sera fermé à la fin du mois montre un flop : sur une population cible de 100 infirmiers (l’AP-HP visait 300 IDE dans son document de présentation), 10 ont signé jusqu’à présent.
Comment évolue l’épidémie dans votre région ?
Même si l’occupation des services de réanimation reste élevée, nous constatons une décrue. L’hospitalisation privée a pris en charge environ 27 % des patients en soins critiques alors que nous gérons environ 20 % des lits. Les réanimations privées ont tout de suite été sollicitées, il n’y a pas eu de retard au démarrage de cette 5e vague. Globalement, un certain nombre de patients relèvent des soins critiques sans être ventilés. C’est une adaptation classique vers un service de soins critiques avec plus de matériel et de personnel. Nous nous adaptons en permanence.