1,2, 3 Questions – Dr Franck DEVULDER

Dr Franck DEVULDER, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF)

Vous venez d’être élu président de la CSMF, comment voyez-vous votre mandat ?

Je m’inscris dans la continuité de la présidence du Dr Jean-Paul Ortiz. Au cours de mon précédent mandat de président de la branche spécialiste de la CSMF, nous avions travaillé en véritable symbiose. Toutefois, avec la nouvelle équipe, je souhaite amorcer un virage plus libéral.

Les médecins doivent devenir des entrepreneurs ! D’ailleurs, la gestion de certains cabinets est aujourd’hui très « entrepreneuriale ». En 2023, nous négocierons avec l’Assurance maladie qui agit dans le respect de sa lettre de cadrage qui doit impérativement prendre en compte ce virage libéral.

Par ailleurs, le mot de « confiance » doit revenir au centre de toutes les négociations, tant avec l’Assurance maladie qu’avec nos autres parties prenantes : pouvoirs publics, établissements de santé, etc.

Selon vous, comment restaurer cette confiance ?

Elle passera par l’introduction et le respect de droits et de devoirs. Le problème numéro 1 de notre système est l’accès aux soins. C’est la question que nous avons posée aux candidats à l’élection présidentielle que nous avons rencontrés : comment trouver un médecin dans un délai et à une distance raisonnable ? Sans surprise, beaucoup répondent par une limitation de la liberté d’installation, une convention sélective, etc. Dans quelle mesure ces contraintes sont-elles acceptables par les médecins ? Il nous faut être force de proposition.

Les 11 organisations, notamment de para-médicaux, avec lesquelles nous travaillons au sein des Libéraux de santé sont toutes d’accord : le coordonnateur du parcours de soin du patient, c’est le médecin et pour cela il doit en avoir les moyens avec des droits et des devoirs.

Les médecins que j’observe dans mon exercice sont très volontaires et s’engagent par exemple dans des consultations avancées alors qu’ils n’ont objectivement aucun intérêt à le faire. La notion de territoire raisonne chez eux. Il faut naturellement une politique incitative pour massifier ces initiatives : tarification spécifique et pas seulement ouverte aux zones sous denses, assortie par exemple d’une consultation avancée par quinzaine, un espace de liberté tarifaire encadré par l’Assurance maladie, une défense du secteur 2, un accès à l’innovation, la création de 4 niveaux de consultation en raison du rythme et de leur complexité, etc.

Qu’est-ce que le « cabinet 2030 » ?

Nous dessinons ce « cabinet 2030 » au sein de la Maison de l’innovation de la médecine spécialisée. Il offrira plus de soins car la structure sera ouverte à plusieurs médecins et son organisation sera efficace. Nous y travaillerons mieux avec un paiement de la qualité, suivant le principe de la roue de Deming. Les portes de ces cabinets de toutes zones denses ou pas doivent être grandes ouvertes aux jeunes internes et aux docteurs juniors afin qu’ils expérimentent toutes les facettes de notre exercice en cabinet et au bloc. La mission des facultés de médecine est de former des médecins et pas seulement des médecins hospitaliers. Enfin, ce « cabinet 2030 » intégrera la préservation de la qualité de vie des médecins.

D’une manière générale, rénover le système de santé ne suffit pas, il faut le refonder car on est allé trop loin dans la complexité.