Le paludisme, une maladie qui recule peu dans le monde

Le paludisme ou malaria est une maladie causée par un parasite qui se transmet à l’homme par les piqûres de moustiques infectés. Alors que la maladie est rare dans les climats tempérés, le paludisme sévit encore couramment dans les pays tropicaux et subtropicaux où l’on y enregistre 95 et 96 % des cas en 2020. Selon le dernier rapport sur le paludisme mondial, on constate une hausse du nombre de cas de 14 millions entre 2019 et 2020 (241 millions contre 227 millions).

Alors qu’on est en mesure de l’éviter et de la soigner, cette maladie continue néanmoins d’avoir des conséquences dévastatrices sur la santé et les moyens de subsistance des populations à travers le monde.

Des symptômes reconnaissables, une transmission rapide

On repère cette maladie facilement par la forte fièvre qui apparaît environ 2 mois après la piqûre de moustique. Le sujet infecté souffre de douleurs diffuses (abdominales, articulaires, musculaires) et de maux de têtes, ainsi que des troubles digestifs (vomissements et diarrhées).

Les parasites qui causent le paludisme affectent les globules rouges, ainsi, les individus peuvent également attraper cette maladie en s’exposant à du sang infecté, notamment :

  • De la mère à l’enfant à naître,
  • par les transfusions sanguines,
  • par le partage d’aiguilles utilisées pour s’injecter des drogues.

La probabilité de contracter et de développer la maladie augmente pour les personnes qui vivent ou visitent des zones où la maladie est courante : Afrique sub-saharienne, Asie du Sud et du Sud-Est, îles du Pacifique, Amérique centrale et Amérique du Sud.

Covid19 et Paludisme

Selon un rapport prévisionnel publié en 2018 par l’OMS, une multiplication par deux du nombre de décès en 2020 en Afrique subsaharienne était envisagée. Cette hausse dramatique était crainte de par les graves perturbations attendues dans l’accès aux principaux outils de lutte contre le paludisme tels que les campagnes de moustiquaires imprégnées d’insecticide et l’accès aux médicaments antipaludiques.

Ce scénario catastrophe a néanmoins été évité grâce aux efforts déployés par les pays afin de maintenir les services de lutte contre le paludisme durant la pandémie.

Les conséquences des perturbations des services de lutte contre le paludisme, au sein d’une population à risque ont cependant conduit à une augmentation de 12% de décès en 2019.

La méthodologie inédite de l’OMS pour estimer le nombre de cas de paludisme

Dans un souci de fournir davantage de précisions quant aux causes de mortalité chez les jeunes enfants pour toutes les maladies, y compris le paludisme, une nouvelle méthodologie est employée dans le cadre de toutes les activités de l’OMS en 2021. Celle-ci s’intéresse à la période 2000-2020 et y révèle un nombre de décès dus au paludisme estimé à 627 000 (au niveau global). Elle démontre que cette maladie représente une part plus importante des décès chez les enfants de moins de 5 ans. Effectivement, le paludisme était déterminé comme cause de 4,8% des décès chez les enfants de moins de 5 ans contre une nouvelle estimation de 7,8 % détectée par la nouvelle méthode de calcul statistique.

Une récession générale dans la lutte contre le paludisme

La période qui s’étend de 2000 à 2015 s’est révélée plutôt encourageante : le renforcement substantiel des mesures contre le paludisme avait permis une baisse de 27 % de l’incidence de la maladie au niveau mondial et un recul de près de 51 % de la mortalité associée. Pourtant, le rapport publié en 2017 de l’OMS sur la lutte contre le paludisme au niveau mondial n’était pas des plus optimistes.

Selon cette étude, la lutte contre le paludisme avait atteint la « croisée des chemins » et les progrès réalisés s’éloignaient des objectifs essentiels de la stratégie mondiale de l’OMS concernant la réduction des nombres de cas et de décès. En effet, la stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 comptabilise certains objectifs non réalisés tels que la réduction de l’incidence de la maladie et les taux de mortalité d’au moins 40 % d’ici 2020.

Au niveau statistique, on enregistre 59 cas pour 1 000 habitants exposés au risque de paludisme face à un objectif fixé de 35, soit un delta de 40 %. Le taux de mortalité mondial représente un taux de 15,3 décès pour 100 000 habitants exposés au risque de paludisme, (contre un objectif fixé à 8,9, soit un écart de 42 %).

L’inégalité subsistante des progrès au niveau mondial

Selon le rapport sur le paludisme mondial édité en 2012, des inégalités quant aux progrès réalisés dans la lutte contre cette maladie persistent entre les pays à forte charge palustre et ceux qui sont moins touchés.

En effet, le Salvador et la Chine ont été certifiés exempts du paludisme en 2021 alors que 14 pays, tous dans la région Afrique de l’OMS, sont restés à des niveaux comparables de mortalité associée au paludisme. 24 pays ont enregistré des hausses de la mortalité associée au paludisme depuis 2015.

Comment progresser dans la lutte contre le paludisme ?

En 2021, l’OMS a évalué sa stratégie contre le paludisme pour y assimiler les données des analyses de ces cinq dernières années et ainsi permettre la réduction de 90 % de l’incidence du paludisme et de la mortalité associée d’ici 2030 au niveau global.

En outre, elle met l’accent sur de nouvelles initiatives telles que l’importance de systèmes de santé équitables et résilients, l’élaboration de stratégies basées sur les données recueillies. Elle conseille aux pays d’éviter une approche universelle pour se concentrer sur une approche plus adaptée aux conditions locales et maximiser leurs résultats.

Investir pour accélérer la recherche et le développement reste également une étape clef dans la résolution du problème du paludisme. D’ailleurs, la recherche et le développement (R&D) déployés entre 2021 et 2030 vont nécessiter plus de huit milliards de dollars, selon les estimations prévisionnelles, soit 851 millions en moyenne par an.

Sources