Les dernières découvertes sur l’épilepsie

 

L’épilepsie est une maladie neurologique chronique, non transmissible, qui touche environ 50 millions d’individus de tous âges au niveau mondial. Elle se caractérise par une activité cérébrale anormale, provoquant des crises ou des périodes de comportement inhabituel, et parfois une perte de conscience.

Sur le plan statistique, on évalue jusqu’à 70 % le taux de personnes atteintes d’épilepsie qui pourraient vivre sans crise si elles étaient correctement diagnostiquées et traitées. Les experts constatent aussi que le risque de décès prématuré chez les malades est jusqu’à trois fois plus élevé que pour la population générale. En 2022, plusieurs approches sont envisagées par la communauté scientifique afin de comprendre les mécanismes de cette maladie et proposer de nouveaux traitements. 

Symptômes : la coordination du cerveau en jeu

L’épilepsie étant causée par une activité anormale du cerveau, les crises peuvent affecter n’importe quel processus coordonné par ce dernier. Les signes et symptômes de crise peuvent inclure une confusion temporaire, la rigidité des muscles, des mouvements saccadés et incontrôlables des bras et des jambes, une perte de conscience et des sentiments de peur irrationnels tels que l’anxiété ou le déjà-vu.

Les symptômes varient selon le type de crise et dans la majorité des cas, une personne atteinte d’épilepsie aura tendance à avoir le même type de crise à chaque fois, de sorte que les symptômes seront similaires d’un épisode à l’autre. Les médecins classent généralement les crises comme focales ou généralisées, en fonction de la manière et du lieu où l’activité cérébrale anormale commence.

Une origine multifactorielle

La communauté scientifique s’accorde à déterminer l’origine de l’épilepsie comme poly factorielle et liée aux facteurs structurel, génétique, infectieuses, métabolique et immunitaire. De plus, bien que de nombreux mécanismes pathologiques sous-jacents puissent conduire à l’épilepsie, la cause de la maladie est encore inconnue dans environ 50 % des cas.

On parle alors d’épilepsie idiopathique.

Examens et pose du diagnostic

La prescription de plusieurs examens peut s’avérer nécessaire pour diagnostiquer l’épilepsie et en déterminer la ou les causes :

  • Un examen neurologique

Le médecin teste l’habileté motrice et les réactions du patient

  • Des analyses de sang

Le prélèvement d’un échantillon de sang pour vérifier les signes d’infections, de maladies génétiques ou d’autres conditions pouvant être associées à des convulsions.

Le médecin peut également suggérer des tests pour détecter des anomalies cérébrales, telles que l’électroencéphalogramme (EEG), qui est le test le plus couramment utilisé pour diagnostiquer l’épilepsie. Au cours de celui-ci, les électrodes sont attachées au cuir chevelu avec une substance ou un capuchon pâteux et enregistrent l’activité électrique du cerveau.

Si le test est positif, il est courant d’observer des changements dans le schéma normal d’ondes cérébrales, même lorsque le patient n’a pas de crise. Une surveillance par vidéo lors de la réalisation d’un EEG est réalisée lorsque le patient est éveillé ou endormi, pour enregistrer toutes les crises qu’il rencontre. Ce test peut être effectué dans un cabinet médical ou à l’hôpital.

  • L’imagerie par résonance magnétique (IRM)

Une IRM utilise de puissants aimants et des ondes radio pour créer une vue détaillée du cerveau.

Le praticien qui réalise l’examen peut être en mesure de détecter des lésions ou des anomalies au niveau neuronal qui pourraient être à l’origine des crises.

Une prise en charge principalement médicamenteuse

La majeure partie des individus atteints d’épilepsie traitent les crises grâce à un médicament antiépileptique lorsque d’autres sont en mesure de diminuer la fréquence et l’intensité de leurs crises en prenant une combinaison de médicaments (70%).

Trouver le bon médicament et le bon dosage peut s’avérer complexe : le médecin prescrit d’abord un seul médicament à une dose relativement faible et augmente la dose progressivement jusqu’à ce que les crises soient bien contrôlées. On note qu’il existe plus de 20 types différents de médicaments antiépileptiques disponibles qu’on convoque en fonction du type de crises ainsi que d’autres facteurs tels que l’âge et les pathologies du patient. Ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires (fatigue, vertiges, prise de poids, perte de densité osseuse, éruptions cutanées, perte de coordination, problèmes d’élocution, troubles de la mémoire).

Des effets secondaires plus graves mais rares sont observés incluant une éruption cutanée sévère une dépression, des pensées et comportements suicidaires.

Chirurgie et autres approches dites palliatives

En cas de résistance aux médicaments (pharmacorésistance), d’autres approches sont à envisager.

Par exemple, si la zone du cerveau à opérer n’interfère pas avec les fonctions vitales telles que la parole, le langage, la fonction motrice, la vision ou l’ouïe, la chirurgie peut être proposée.

Pour certains types d’épilepsie, des approches mini-invasives telles que l’ablation laser stéréotaxique guidée par IRM peuvent fournir un traitement efficace lorsqu’une procédure ouverte peut être trop risquée. Dans ces procédures, les médecins dirigent une sonde laser thermique vers la zone spécifique du cerveau provoquant des crises pour détruire ce tissu dans le but de mieux contrôler les crises.

Si le besoin en médicaments pour aider à prévenir les crises demeure après une intervention chirurgicale réussie, on observe une réduction des doses prescrites. Dans un petit nombre de cas, la chirurgie de l’épilepsie peut entraîner des complications telles que l’altération permanente des capacités de réflexion (cognitives).

  • La stimulation cérébrale profonde

Les chirurgiens implantent des électrodes dans une partie spécifique du cerveau, généralement le thalamus qui sont reliées à un générateur implanté dans la poitrine.

Le générateur envoie régulièrement des impulsions électriques à votre cerveau à intervalles réguliers et peut réduire les crises.

  • Neurostimulation réactive

Ces dispositifs implantables de type stimulateur cardiaque peuvent aider à réduire considérablement la fréquence des crises par une analyse des schémas d’activité cérébrale qui détectent les crises au début et délivrent une charge électrique ou un médicament pour arrêter la crise avant qu’elle ne provoque une altération. La recherche montre que cette thérapie a peu d’effets secondaires et peut soulager les crises à long terme.

De nombreuses pistes à l’étude fondée sur la stimulation localisée

Les chercheurs étudient de nombreux nouveaux traitements potentiels pour l’épilepsie, notamment :

  • La stimulation continue de la zone de début de crise.

  • La stimulation sous le seuil (stimulation sous liminaire) :

Une stimulation continue d’une zone du cerveau en dessous d’un niveau physiquement perceptible – semble améliorer les résultats des crises et la qualité de vie de certaines personnes souffrant de crises.

Cette stimulation permet d’arrêter une crise avant qu’elle ne se produise. Cette approche thérapeutique peut fonctionner chez les personnes dont les crises commencent dans une zone du cerveau qui ne peut pas être enlevée car cela affecterait la parole et les fonctions motrices (zone éloquente).

Les personnes dont les caractéristiques épileptiques minimisent les chances de succès pour la neurostimulation peuvent également être de bons candidats pour cette technique dite préventive.

  • La chirurgie minimalement invasive.

De nouvelles techniques chirurgicales peu invasives, telles que les ultrasons focalisés guidés par IRM, sont prometteuses pour traiter les crises avec moins de risques que la chirurgie traditionnelle à cerveau ouvert pour l’épilepsie.

  • Stimulation magnétique transcrânienne (TMS)

Le TMS applique des champs magnétiques focalisés sur les zones du cerveau où se produisent les crises pour traiter les crises sans nécessiter de chirurgie.

Ce procédé peut être utilisé chez les patients dont les crises surviennent près de la surface du cerveau et qui ne sont pas candidats à la chirurgie.

  • Stimulation externe du nerf trijumeau.

Semblable à la stimulation du nerf vague, cet appareil stimulerait des nerfs spécifiques pour réduire la fréquence des crises.

Mais contrairement à la stimulation du nerf vague, cet appareil serait porté à l’extérieur de sorte qu’aucune intervention chirurgicale pour implanter l’appareil ne soit nécessaire.

Les études concluent que la stimulation externe du nerf trijumeau a permis d’améliorer à la fois le contrôle des crises et l’humeur.

Sources