1,2, 3 Questions – Dr Olivier COURAGE

Docteur Olivier COURAGE, chirurgien orthopédiste à l’Hôpital Privé de l’Estuaire au Havre

L’hôpital Privé de l’Estuaire accueille des internes en stage de 6 mois, comment est-ce possible ?

Ces stages validants que nous proposons à deux internes en orthopédie chaque semestre sont le résultat d’années de rapprochement avec la faculté de médecine de Rouen, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il se trouve que j’ai été instructeur pour le diplôme d’arthroscopie ouvert au public et au privé, proposé par la société d’arthroscopie. C’est ainsi que je me suis fait connaître auprès des chefs de service du CHU, qui ont je pense apprécié mes méthodes d’enseignement auprès des jeunes. Nous avons effectué il y a 10 ans les démarches nécessaires auprès des services publics du territoire pour accueillir des internes, et notre hyperspécialisation en arthroscopie, nous a permis d’être retenus. Nous mettons à profit notre complémentarité au bénéfice de la formation des internes.

Nous accueillons des internes en fin de parcours. Ils sont curieux de venir découvrir notre pratique et au niveau de formation auquel ils se trouvent, nous nous devons de leur proposer des stages d’excellente qualité. Ainsi, nous avons fait l’acquisition d’un simulateur dernier cri pour l’apprentissage de l’arthroscopie, qui plaît beaucoup. Notre objectif est de les amener à l’autonomie, de les aider à monter la dernière marche, puisque dès qu’ils nous quittent, ils se retrouvent chefs de clinique ou docteurs juniors, selon la nouvelle appellation. Ils endossent de nouvelles responsabilités.

Enfin, la médecine offrant des parcours de soins mixtes, il semble normal que les internes découvrent aussi les modes d’exercice du secteur privé.

Qu’est-ce qui vous motive dans cet accueil des internes ?

J’aime tout particulièrement leur apprendre à prendre confiance en eux, notamment en leur permettant de m’assister lors des interventions, et transmettre mes connaissances. D’autre part, je suis d’avis qu’il est important que nous partagions l’expertise dont nous sommes détenteurs, notamment pour assurer la relève. Accompagner les étudiants dans leur formation demande du temps et de la disponibilité. Je ne le vis pas comme une contrainte, j’apprécie leurs questions, leur entrain et leur soif d’apprendre. La relation humaine que nous tissons durant ces 6 mois est bénéfique aux deux parties.

Quel bilan faites-vous ?

Depuis 8 ans, nous avons vu passer une trentaine d’internes, dont de nombreuses filles, signe de l’évolution de notre spécialité. Plusieurs se sont installés dans le secteur privé, d’autres mènent de belles carrières dans le public, chacun a choisi sa voie, en connaissance de cause.

Lors des stages, nous poussons les candidats à participer à des publications scientifiques. Certains effectuent leur thèse dans notre service, et bien souvent, elles font l’objet d’articles scientifiques à l’international, ce dont nous sommes très fiers. Nous contribuons à l’excellence de la formation.

Nous avons créé une association d’anciens internes, nous nous rencontrons une fois par an, échangeons et partageons nos pratiques au quotidien via un groupe de discussion sur messagerie. Voir comment ceux qui sont venus chez nous il y a longtemps transmettent à leur tour leurs expériences avec les plus jeunes me réjouit tout particulièrement.

Les docteurs Simon Bertiaux, chirurgien orthopédiste et Jean-Edern Ollivier, chirurgien de l’épaule et de la main, venus en stage chez moi, sont désormais mes collègues et accueillent à leur tour des internes. De bouche à oreille, notre stage est très prisé et nous recevons des candidatures d’étudiants d’Angers ou même de Lille.

D’autres de mes collègues m’ont emboîté le pas, et nous accueillons depuis peu également à l’Hôpital Privé de l’Estuaire des internes en viscéral, gynécologie et aux urgences. Bien qu’étant du secteur privé, je serais très heureux de pouvoir enseigner au CHU. Il n’y a aucune raison pour que le privé ne puisse pas participer à l’enseignement des futurs praticiens. Il est temps de faire sauter les barrières, et je rêve d’un corps enseignant mixte ou le privé serait reconnu.