Sortir des incertitudes

Le premier protocole de pluriannualité s’achève et les contours du suivant portant sur 2023-2026 ne sont pas définis au 12 décembre. Comment piloter des établissements de santé dans de telles conditions ? Les équipes et les directions des établissements de santé sont démunies et ont le sentiment de devoir faire face à une série de mesures d’urgence sans que des orientations de moyen et long termes ne soient réellement posées. Les mutations du système de santé à l’œuvre sont majeures, elles exigent de profondes décisions pour signifier des valeurs et donner un cap.

Le dispositif d’incitation financière à la qualité des soins tremble. Déjà freiné dans son élan par la pandémie, des modalités de répartition inattendues l’ont rendu moins lisible en cette fin d’année. Le report de publication de textes pour l’année en cours donne un sentiment désagréable de gestion de « dernière minute », sans véritable feuille de route, pour un dossier appelé à peser 1 milliard en 2023.  Nous demeurons également dans l’attente notamment de la décision de fin de campagne budgétaire sur le coefficient prudentiel dont le non dégel serait vécu comme une sanction pour toute une profession mobilisée pour la reprise de l’activité. On ne peut appeler à la reprise d’activité d’une main et sanctionner de l’autre !

Nous ne savons pas précisément de quel budget nous disposerons en 2023. Attendu en avril dernier, nous ne connaissons toujours pas le schéma d’organisation pragmatique et réaliste concernant les Ibode. Les PRS se construisent en région sans disposer de tous les décrets d’application et d’instructions publiés. Également, nous devons nous contenter de décisions inéquitables inscrites dans l’instruction de juillet sur les services d’urgences, tout en appelant tous les acteurs à être présents. Enfin, quel sens donner à l’interdiction du reprocessing de DM en France entérinée par une ordonnance en avril dernier, alors même que des initiatives éco-responsables sont attendues ? À quand un groupe développement durable porté ensemble avec la DGOS pour réfléchir sur le sujet ?

La santé est fort légitimement une économie administrée. Elle n’en tire aujourd’hui que des inconvénients et non la stabilité et la visibilité pour les professionnels de santé qu’elle pourrait offrir. Nous avons besoin urgemment de décisions de fond sur ces grands dossiers.

Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO