Soigner une tumeur grâce à la robotique, déjà possible ?

Si pendant de nombreuses années, le traitement du cancer reposait uniquement sur la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, de nouvelles innovations médicales permettent désormais de traiter des tumeurs complexes et même inatteignables. Cela est notamment rendu possible grâce à la robotique. Sur quelles techniques repose-t-elle ? Quels sont les premiers résultats obtenus ? Faisons le point sur cette alternative porteuse d’espoir pour de nombreux patients.

A quoi sert la robotique dans le domaine de la santé ?

C’est autour des années 1980 que les premiers robots sont apparus. Leur vocation première était tout d’abord de fournir une assistance aux chirurgiens grâce aux technologies de bras robotisés. Au fil des années, la vision par ordinateur et l’analytique des données basées sur l’intelligence artificielle (IA) ont transformé les robots médicaux. Les capacités de ces robots se sont alors progressivement développées, que ce soit au bloc opératoire ou dans le cadre des soins de suite apportés aux patients opérés. Toutefois, il est important de préciser que chaque manœuvre chirurgicale doit être réalisée par le chirurgien et qu’aucun appareil ne peut être programmé ou prendre des décisions seul.

Plus précisément, les robots chirurgicaux, servent à :

  • Assister les opérations chirurgicales ;
  • Optimiser la logistique hospitalière ;
  • Améliorer les soins apportés aux patients.

Utiliser des robots dans le domaine médical permet aux chirurgiens d’augmenter leur efficacité opérationnelle en effectuant des procédures complexes mais de moins en moins invasives et cela avec une plus rapide exécution. Ils transforment la façon dont les opérations chirurgicales sont réalisées et offrent ainsi un niveau élevé de soins aux patients.

Quels sont les avantages apportés par la chirurgie robotique ?

  • Une meilleure visibilité pour le chirurgien

La chirurgie robotique offre une vision 3D stabilisée et une plus grande maniabilité des instruments. Ces derniers sont dirigés avec une extrême précision, associée à une visibilité remarquable. Ils procurent une plus grande précision du geste mais aussi une plus grande ergonomie de travail.

  • Une chirurgie peu invasive dans des zones difficiles d’accès

Quelle que soit la spécialité chirurgicale concernée : urologie, ORL, cardiologie, gynécologie, etc., le robot peut être utilisé pour faciliter l’accès à des zones difficiles à atteindre.

  • Moins de séquelles esthétiques

Grâce au robot, la chirurgie limite grandement les cicatrices sur la peau.

  • Une dissection de précision

Le nombre d’interventions réalisables par voie mini-invasive augmente progressivement dans toutes les spécialités. Les instruments s’orientent dans tous les plans de l’espace, avec des degrés de liberté identiques voire supérieurs à ceux d’une main humaine.

  • Des soins de suite optimisées pour les patients opérés

Cette chirurgie peu invasive permet de réduire drastiquement les saignements mais aussi la douleur postopératoire. Ces deux critères offrent une durée de convalescence plus courte, une limitation importante des effets secondaires et par conséquent un retour à la vie normale plus rapide.

Une technique qui couvre toute la procédure opératoire jusqu’au contrôle post-opératoire

  • En phase préopératoire: Le robot modélise, pour chaque patient, les organes rigides ou déformables. Les structures anatomiques mises en évidence sont ensuite
    utilisées lors de la préparation du planning opératoire et de sa simulation.
  • Durant l’opération : Le système robotique fournit une aide active en guidant les mouvements du chirurgien pour la réalisation précise de la procédure planifiée.

 Une technologie devenue essentiel pour les patients atteints de tumeurs

La chirurgie robotique représente une innovation technologique majeure et offre une évolution importante dans le domaine du soin, notamment pour les patients atteints de cancers. C’est un enjeu majeur pour beaucoup de disciplines chirurgicales et tout particulièrement en oncologie.  Ce type de chirurgie considérée comme « mini-invasive », offre au chirurgien la possibilité de réaliser des gestes d’une très haute précision et d’opérer des tumeurs jusqu’à présent inaccessibles.

Leurs seules limites à ce jour résident dans le coût d’investissement de ces machines. La chirurgie robotique est en effet plus coûteuse que la chirurgie conventionnelle. Il n’y a pas à ce jour de cotation particulière de la part de l’Assurance Maladie pour les actes réalisés avec assistance d’un robot. Le développement de nouveaux appareils toujours plus performants devrait offrir de belles opportunités d’investissement au cours des prochaines années.

Des prouesses médicales déjà réalisées

  • La clinique Pasteur à Toulouse a investi dans une machine de radiothérapie qui vise à éradiquer les tumeurs cancéreuses en mouvement et celles qui sont chirurgicalement inaccessibles. Grâce à un scanner en 4D, elle détermine la position du nodule cancéreux et envoie un faisceau de rayons X pour le détruire. Elle vise et suit sans relâche les tumeurs, y compris lorsque ces dernières sont difficiles d’accès, cachées dans les organes (le cerveau, le foie, les poumons, la prostate etc.), lorsqu’elles sont de petites tailles (quelques millimètres seulement) ou lorsqu’elles sont en mouvement du fait de la respiration du patient. Elle peut également contribuer à éliminer les métastases lorsque celles-ci sont en nombre limité (entre trois et cinq).
  • L’Institut Gustave Roussy. Des chirurgiens sont parvenus à retirer une tumeur située derrière le voile du palais d’un jeune homme. Une première européenne rendue possible grâce à un robot chirurgical, le Da Vinci Xi, installé à Gustave Roussy en novembre 2014. Ils sont également parvenus à détruire des tumeurs cancéreuses localisées au niveau du foie sans pratiquer d’incision. Une première 100% made in France.
  • Le CHU de Toulouse innove en chirurgie robotique pour soigner des tumeurs du rein. Une patiente de 68 ans s’est fait retirer trois tumeurs alors que son rein a été opéré hors de son corps, puis réimplanté. C’est une technique d’auto-transplantation par chirurgie robotique qui n’avait encore jamais été réalisée. Une ablation de tumeur réalisée par le service urologie de l’hôpital Rangueil qui a permis à une patiente de 68 ans de conserver son rein et de retrouver une vie normale. L’intervention a été réalisée par le docteur Nicolas Doumerc et son équipe chirurgicale, elle a fait l’objet d’une publication dans le World Journal of Urology en novembre 2022.

Sources :