Cancer du sein : Quelle est la valeur ajoutée de la technologie dans le cadre des dépistages ?

Chaque année, la rentrée marque un temps fort de sensibilisation autour du dépistage du cancer du sein. Si c’est principalement durant le mois d’octobre, baptisé « octobre rose » que l’on en parle le plus, ce temps de vérification peut se faire tout au long de l’année. Avec près de 61 214 nouveaux cas diagnostiqués tous les ans en France, le cancer du sein se situe au premier rang des cancers les plus fréquents chez la femme. On estime que près d’une femme sur huit développe un cancer du sein au cours de sa vie selon l’Assurance Maladie. Le dépistage de cette tumeur principalement féminine est recommandé aux femmes de 50 à 74 ans, en moyenne tous les deux ans. Comment se passe un dépistage ? Y-a-t-il des évolutions dans le domaine ? Faisons le point.

Quel est l’intérêt du dépistage ?

Le dépistage du cancer du sein vise à détecter une tumeur mammaire, avant même qu’elle ne soit palpable ou que d’autres symptômes apparaissent. L’objectif est de déceler une tumeur maligne à un stade précoce, dans le but de mieux la traiter, avec des traitements moins lourds et moins invasifs.

Sur quelles techniques repose le dépistage ?

Cette opération de prévention s’effectue en quatre étapes :

  1. Un questionnaire. Le médecin traitant ou le gynécologue étudie le profil de ses patientes. Certaines sont plus à risque que d’autres de développer une tumeur maligne au cours de leur vie. Il s’agit notamment de celles chez qui la mère, la grand-mère ou la sœur ont été touchées par ce type de cancer auparavant. Dans 5 à 10% des cas, une altération génétique des gènes BRCA1 ou BRCA2 est retrouvée. Cette forme de cancer du sein est héréditaire. La prise d’un traitement hormonal, une absence de grossesse ou encore d’allaitement sont également considérés comme des facteurs favorisant son développement. Selon ces différents critères, le dépistage est alors prescrit avant 50 ans, âge recommandé pour commencer la surveillance.
  2. Une mammographie. C’est une radiographie des seins qui permet de détecter des anomalies. Chaque sein est posé entre deux plaques pour l’aplatir de haut en bas. La compression permet d’obtenir une bonne qualité d’image et une irradiation moindre. Elle n’est pas douloureuse, mais peut toutefois être désagréable.
  3. Une échographie. Cet examen est devenu complémentaire à la suite de la mammographie. Elle permet de confronter les clichés en cas de doute sur les images prises par le mammographe.
  4. La palpation. Elle permet de vérifier l’aspect des seins (peau et mamelons) et de palper les aisselles, pour rechercher une tuméfaction et d’éventuels ganglions anormaux.

Ces examens sont entièrement pris en charge par l’Assurance Maladie et se font sans avance de frais pour les femmes. Il est recommandé de les effectuer dans les jours qui succèdent la période des menstruations.

Des chances de guérison optimisées en cas de détection d’un cancer

Le dépistage permet de déceler toute anomalie le plus précocement possible. Plus un cancer est détecté tôt, plus les chances de guérison sont importantes. Le traitement proposé dépend en partie du stade auquel il est découvert. Diagnostiqués à un stade précoce, ils nécessitent des traitements moins lourds et moins agressifs, avec moins de séquelles pour les patientes.

On observe 99% de survie à 5 ans pour un cancer détecté à un stade précoce contre seulement 26% pour un cancer diagnostiqué à un stade tardif.

De nouvelles techniques sont aujourd’hui disponibles pour prédire le développement d’un cancer avant même qu’il n’apparaisse !

Si la mammographie est le principal examen de référence en termes de dépistage, de nouvelles méthodes se sont développées ces dernières années pour déceler les prédispositions à développer des cellules cancéreuses. Cela repose en grande partie sur l’intelligence artificielle (IA). En s’appuyant sur une importante base de données collectées de clichés associée à un algorithme précis, il est aujourd’hui possible d’identifier les signes avant-coureurs de la maladie. L’IA est alors en capacité d’identifier des schémas imperceptibles à l’œil humain.


Une première mondiale :

La collaboration entre l’Institut Curie et Ibex Médical Analytics a permis de démontrer la performance, la fiabilité et la mise en application clinique d’un algorithme d’IA capable de diagnostiquer les cancers du sein lors de biopsies mammaires, qui consistent en des prélèvements de tissus pour effectuer un examen.

L’intelligence artificielle, renommée Galen Breast, a été développée dans l’objectif de réduire les erreurs et d’améliorer la qualité du diagnostic. Grâce à des méthodes d’apprentissage profond, le fameux « deep learning », l’algorithme de l’IA est aujourd’hui capable d’identifier plus de 50 caractéristiques mammaires spécifiques. Cela a été rendu possible grâce à plus de deux millions d’échantillons d’images et 18 spécialistes. Ils ont entraîné cet algorithme afin de garantir un diagnostic robuste et fiable.


Pour aller plus loin encore, les empreintes digitales pourraient, dans un futur proche, remplacer la mammographie

Selon une récente étude publiée le 1er février 2023 dans la revue Nature, la mammographie pourrait bien être remplacée par une nouvelle technique digitale innovante. Des chercheurs ont en effet développé une toute nouvelle technique de dépistage qui repose sur l’analyse des empreintes digitales, avec une précision évaluée à 98%.

D’après le professeur Simona Francese, à la tête de cette étude, il serait possible de détecter un cancer du sein grâce à un simple relevé d’empreintes. Pour arriver à ce constat, son équipe de chercheurs de l’Unité mammaire Jasmine du Doncaster Royal Infirmary situé au Royaume-Uni, ont sollicité la participation d’une quinzaine de femmes atteintes d’un cancer du sein bénin, précoce ou métastatique. Ensuite, des frottis réalisés sur le bout du doigt ont été prélevés sur chaque patiente au moment du diagnostic.

A l’issue de cette collecte de données, les scientifiques ont constaté que cette technique non-invasive a permis de détecter le cancer du sein avec une précision de 97.8% et ce, grâce à la sueur prélevée sur les doigts des participantes. Cette solution novatrice consiste à examiner les molécules indiquant le sexe de l’individu. Puis d’analyser de plus petites protéines et peptides qui sont également indiquées comme biomarqueurs potentiels du cancer du sein ».

Sources :