1,2,3 Questions – Frédéric DE BELS

Frédéric DE BELS, responsable du département prévention de l’Institut national du cancer (INCa)

Quels sont les recommandations de l’INCa pour le mois de mobilisation et de sensibilisation aux cancers du sein cette année ?

Le message de l’INCa est clair : « À partir de 50 ans, faites-vous dépister tous les 2 ans : vous vous en remercierez. » Avec plus de 61 000 nouveaux cas par an et 12 000 décès en 2023, le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez la femme. Le dépistage du cancer du sein semble largement plébiscité par les femmes (95 % d’entre elles s’y déclarent favorables*), et pourtant moins d’une femme sur deux (47,7 %**) y a participé sur la période 2021-2022. C’est pourquoi l’Institut national du cancer a lancé une grande campagne d’information à destination des femmes tout au long du mois d’octobre. Son objectif est avant tout de favoriser le passage à l’acte des femmes ne réalisant pas, ou peu régulièrement, ce dépistage.

Pour que toutes les femmes comprennent les enjeux du dépistage organisé le spot télévisuel – diffusé en France et dans les départements et régions d’outre-mer jusqu’à la fin octobre – encourage les femmes à prendre rendez-vous, le film d’animation présent sur le site e-cancer.fr rappelle le déroulé de l’examen de la mammographie et enfin le livret d’information envoyé aux femmes indique les bénéfices à réaliser ce dépistage.

L’alcool cause 8 000 cas de cancers du sein par an, et le tabac 2 500. Le surpoids et le manque d’activité physique sont également des facteurs de risque qui augmentent l’incidence du cancer du sein. Lutter contre ce cancer revient à limiter les comportements à risque.

Les dispositifs techniques d’imagerie ont évolué pour ne conserver que les installations hyper performantes, qui sont contrôlées tous les deux ans. La seconde lecture des résultats réalisée dans le cadre du dépistage organisé permet de détecter 6 % des cancers du sein.

Entre chaque mammographie, et dès 25 ans, un examen régulier des seins par un médecin traitant, un gynécologue ou une sage-femme, est recommandé. Il permet de repérer des modifications de la poitrine – boule, modification de l’aspect de la peau, rougeur -, ou du mamelon – rétractation, changement de la coloration. Autant d’indices à surveiller.

Pris en charge à 100 %, le dépistage n’est pas imposé, pourtant in fine, il sauve des vies. L’approche est respectueuse puisque la participation relève de la décision de chacune. En effet, dépisté tôt, un cancer du sein se guérit mieux, avec des traitements moins lourds et moins de séquelles. Ainsi, 5 ans après le diagnostic à un stade précoce, 99 femmes sur 100 sont en vie. Elles ne sont que 26 femmes sur 100 lorsque le cancer est diagnostiqué à un stade avancé

L’effervescence créée lors du mois de mobilisation contre les cancers du sein doit inciter les femmes de plus de 50 ans à prendre rendez-vous pour une mammographie. Essayons de faire que cette mobilisation se poursuive toute l’année.

* Post-test de la campagne d’information INCa 2022 sur le dépistage du cancer du sein auprès des femmes de 50-74 ans, en Métropole et en Outremer. BVA – Nov. 2022.

** Taux de participation au programme de dépistage organisé du cancer du sein 2021-2022 – Source Santé publique France – 12 juin 2023.

 

Crédit Photo : © Antoine Doyen