Médecine régénérative, où en sommes-nous ?

Domaine de recherche en pleine expansion, la médecine régénérative participe à améliorer la manière dont nous traitons les maladies mais aussi les blessures en tout genre. Bien qu’exploitée depuis plusieurs décennies, ce n’est que récemment que les technologies et les découvertes scientifiques ont permis de véritables progrès dans ce domaine. Nous vous en disons plus…

Un peu d’histoire…

  • En 1869 : la première greffe de peau est réalisée à Genève par le chirurgien Jacques-Louis Reverdin pour le traitement d’une plaie ouverte du bras. Véritable succès, c’est la première tentative majeure de restaurer la structure et la fonction d’un organe.
  • En 1900 : Carl Landsteiner a identifié les différents groupes sanguins humains qui a permis d’effectuer la première transfusion intraveineuse de sang. C’est la première thérapie cellulaire.
  • En 1960 : Ernest McCulloch et James Till découvrent les cellules souches hématopoïétiques.
  • En 1981 : les biologistes britanniques Martin Evans et Matthew Kaufman ont isolé et cultivé pour la première fois des cellules souches embryonnaires à partir de blastocystes de souris.
  • En 1999 : le terme de “médecine régénérative” est introduit par William A. Haseltine. Il a décrit cette nouvelle classe de thérapies comme une approche qui emploie des gènes, des protéines et des cellules pour repousser, restaurer ou remplacer mécaniquement les tissus lésés.
  • En 2001 : découverte de cellules souches dans la graisse qui permet une amélioration de la qualité des tissus lors d’une greffe
  • En 2012 : première fabrication d’un implant rétinien qui a permis à plusieurs patients de retrouver partiellement la vue.
  • En 2014 : première greffe de cellules cardiaques issues de cellules souches chez une patiente victime d’un infarctus du myocarde.

Quel est le principe de la médecine régénérative ?

La médecine régénérative est un domaine comprenant de multiples disciplines de recherche et d’applications cliniques orientée sur la réparation, le remplacement ou la régénération des composants du corps humain.

Elle consiste à réparer ou remplacer des cellules, des tissus, voire des organes endommagés par le vieillissement, les maladies ou les traumatismes. Elle s’applique notamment à de nombreux domaines comme les maladies dégénératives, les traumatismes ou bien les malformations congénitales. Pour la médecine régénérative ce sont les cellules ou les gènes qui représentent le médicament.

Elle repose sur 3 principes :

  • La thérapie cellulaire : Elle consiste à greffer des cellules afin de réparer un tissu ou un organe. Ces cellules sont obtenues à partir de cellules souches appartenant au patient lui-même ou via un donneur.
  • L’ingénierie tissulaire : Elle comprend l’étude des forces biologiques, physiques et chimiques qui interviennent dans le développement des tissus, les blessures et la cicatrisation des plaies.
  • La thérapie génique : Elle vise à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie.

Où en sommes-nous aujourd’hui de cette approche thérapeutique ? 

Depuis près d’une vingtaine d’années maintenant, la médecine régénérative représente un véritable espoir, que ce soit pour les professionnels de santé qui y voient de nouvelles perspectives de traitement, que pour les malades qui peuvent bénéficier de nouvelles solutions thérapeutiques.

Mais elle fait encore à ce jour, face à de nombreux défis qu’il est nécessaire de relever pour que le plus grand nombre puisse bénéficier de cette approche thérapeutique innovante, à savoir :

  • La compatibilité entre le donneur et le receveur qui limite encore le nombre de transfert ;
  • La survenue d’effets indésirablesdans le temps qui reste encore à maîtriser ;
  • La bioproduction à grande échelle. A ce jour, les procédés de fabrication sont principalement issus de la recherche académique et ne sont, pour la majorité, pas adaptés pour être déployés largement. Des innovations technologiques sont encore nécessaires pour améliorer la productivité ;
  • Le coût que cette approche thérapeutique engendre. Les traitements issus de la médecine régénérative sont à ce jour extrêmement coûteux. Pour qu’elle puisse être exploitée à grande échelle, il est essentiel de réduire les coûts qui sont à ce jour trop élevés ;
  • La réglementation. Les lois qui encadrent la médecine régénérative doivent être mieux définies et prendre en compte les limites éthiques qu’elle induit ;
  • Le nombre d’autorisations de mise sur le marché. Selon les Entreprises du Médicament (LEEM), 2 093 essais étaient en cours dans le monde en 2022. Combien aboutiront et seront réellement exploités ?
Les récents travaux de recherche menés :

●       En 2018 : Une équipe de chercheurs britanniques et américains a annoncé avoir rétabli la vision chez deux personnes atteintes de DMLA. Les scientifiques ont utilisé des cellules souches embryonnaires pour créer un tissu rétinien qu’ils ont greffé aux patients.

●       En 2021 : Des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’Université Claude Bernard Lyon 1 à l’Institut Cellule Souche et Cerveau, en collaboration avec le King’s College de Londres sont parvenus à transformer des cellules du cerveau qui permettent de diminuer de moitié l’activité épileptique chronique

Autre exemple : GoLiver Therapeutic, une start-up nantaise va développer un biomédicament à partir de cellules souches destiné au traitement des insuffisances hépatiques sévères.

 

Le gouvernement français a par ailleurs lancé en janvier 2022, sa stratégie intitulée “Biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes”. À travers ce programme, son ambition est de produire sur le territoire à horizon 2025-2030, au moins dix biomédicaments destinés à traiter les cancers et les maladies chroniques, dont celles liées à l’âge. Cette stratégie doit permettre à la France de se positionner comme leader de la médecine régénérative.

Vous l’aurez compris, la médecine régénératrice occupe une place de plus en plus imposante au sein du monde médical pour les prochaines années à venir. Elle aussi porteuse d’espoir pour de nombreux malades et au sein de la médecine pour ces prochaines décennies…

Sources :