Le sommeil favorise-t-il les crises d’asthme ?

Maladie respiratoire touchant plus de 4 millions de personnes en France, l’asthme est une pathologie chronique dont les facteurs déclencheurs sont multiples. Si les allergies, l’effort physique et le stress sont les causes les plus connues, le sommeil favorise également la survenue de crises. Pour quelles raisons ? Nous vous apportons un éclairage sur le sujet.  

Qu’est- ce que l’asthme ?

Cette maladie se caractérise par une inflammation des voies respiratoires au niveau des bronches et des bronchioles. Lorsqu’une crise se déclenche, les bronches se contractent provoquant un épaississement des parois bronchiques. On parle alors de bronchoconstriction. Cette réaction limite le passage de l’air, provoquant une gêne respiratoire et une importante sécrétion de mucus. La respiration devient difficile et sifflante. Elle s’accompagne très souvent d’une quinte de toux et d’une sensation d’oppression thoracique. Les crises peuvent durer plusieurs minutes et peuvent parfois persister quelques heures.

Lorsqu’une crise survient, il est nécessaire d’utiliser un bronchodilatateur d’action rapide en inspirant plusieurs bouffées sur une période prédéfinie. Plusieurs séries de deux bouffées en moyenne sont généralement indiquées et sont à espacer de plusieurs minutes entre chaque prise. En parallèle, un traitement de fond dit « à action prolongée » est généralement prescrit pour limiter au maximum de l’apparition de nouvelles crises.

C’est une pathologie dite multifactorielle. Elle est notamment due à une prédisposition génétique mais aussi à des facteurs favorisants comme :

  • Des allergènes tels que les acariens, la poussière, le pollen, les poils d’animaux ou les moisissures ;
  • Des polluants comme la fumée de cigarette, des composés organiques, des pesticides, etc.
  • Des infections virales tel qu’un simple rhume ;
  • Un effort physique ;
  • Le stress.

Mais ce n’est pas tout ! Le sommeil serait également un facteur déclencheur d’asthme dit « nocturne ».

Quel lien entre sommeil et asthme ?

75% des patients sont concernés par l’asthme nocturne. Mais pourquoi l’asthme s’aggrave la nuit ? A cela plusieurs raisons :

Le cycle circadien. Ce cycle de 24 heures composé du jour et de la nuit, régit notamment certaines hormones (comme la mélatonine, l’hormone du sommeil), mais aussi le système nerveux autonome dont dépend la fonction pulmonaire. D’après une étude publiée dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) le Pr Frank Scheer et son équipe du Brigham and Women’s Hospital à Boston (Massachussetts) ont menés plusieurs expériences sur 17 patients asthmatiques. Au cours de la première expérience, les patients sont restés 38 heures éveillés en continu, dans une posture fixe avec une faible luminosité et une prise de collations similaires toutes les deux heures. L’objectif était d’éliminer tous les facteurs ayant une influence potentielle sur l’asthme, dont le sommeil. Dans la seconde expérience, les participants ont été placés sur un cycle veille/sommeil récurrent de 28 heures pendant une semaine dans des conditions de faible luminosité. Ces deux protocoles ont mis en avant que les personnes souffrant d’asthme sévère sont également celles qui présentent les baisses de la fonction pulmonaire induites par le rythme circadien, les plus importantes.

Une réaction tardive à la suite d’une exposition aux allergènes. En cas d’allergie, le corps met parfois du temps à réagir à l’agression qu’il a subi. Cette réaction retardée peut alors se produire durant la nuit. Ces crises peuvent également être provoquées de façon plus instantanée par le contact avec les acariens présents dans la literie pour les asthmatiques y étant allergiques.

Le reflux gastro-œsophagien (RGO). Les remontées acides dans l’œsophage peuvent déclencher un spasme bronchique et provoquer une constriction des voies respiratoires.

La modification des hormones liées au cycle du sommeil. La fluctuation du taux de mélatonine, de cortisol et d’épinéphrine pendant le sommeil peut avoir un impact sur la profondeur et le rythme de la respiration, ce qui peut contribuer aux symptômes de l’asthme.

Le relâchement musculaire. Lorsque les muscles se détendent, les mouvements musculaires diminuent et les voies respiratoires se rétrécissent ce qui réduit la quantité d’air inspirée également. Chez les asthmatiques dont la fonction pulmonaire est déjà retreinte, cela peut favoriser une gêne respiratoire.

L’apnée du sommeil. Caractérisée par des pauses respiratoires, elles peuvent exacerber les risques de faire une crise d’asthme.

Comment prévenir l’asthme nocturne ?

Pour éviter les crises d’asthme la nuit, la principale recommandation consiste à suivre un traitement de fond d’action prolongée durant la journée et au moment du coucher tels que :

  • Les bronchodilatateurs bêta-agonistes à action prolongée (LABA) ;
  • Les glucocorticoïdes ;
  • Les leucotriènes ;
  • Les immunomodulateurs.

Ces médicaments sont préventifs et ne sont donc pas à prendre en cas de crise ou lorsque les symptômes sont déjà présents. Le traitement est déterminé par le pneumologue en charge du patient, selon son profil et la fréquence de ses crises.

En complément, il est également recommandé d’adapter son mode de vie afin d’éviter le plus possible une exposition aux facteurs déclencheurs selon son profil. Il convient notamment de :

  • Manger de façon saine et équilibrée. Une bonne alimentation limite les réactions inflammatoires favorisant les remontées acides et plus lourdement les reflux gastriques.
  • Ne pas s’exposer à la fumée de cigarette ou fumer soi-même. La fumée irrite les voies respiratoires. Le sevrage tabagique est essentiel pour limiter les crises. De nombreux substituts nicotiniques sont disponibles en pharmacie et peuvent également être pris en charge par l’Assurance Maladie.
  • Limiter les allergènes autour de soi. Acariens, poussière, moisissures, etc. doivent régulièrement être éliminés. Cela passe par un lavage/nettoyage régulier des literies (matelas, oreillers, linge de lit, tapis, plaid…), des sols et autres meubles ou peut se loger facilement la poussière. Éviter également le contact avec les poils d’animaux en cas d’allergie.
  • Réguler la température de la chambre. L’idéal est d’avoir une température à 19 degrés dans la pièce à coucher. Si l’air est trop sec, il est intéressant d’utiliser un humidificateur d’air pour limiter les irritations pouvant provoquer de la toux.
  • Éviter les sources de stress. Cette réaction émotionnelle est également un facteur déclencheur d’asthme. Il est donc essentiel de canaliser ses émotions en utilisant par exemple, des exercices de relaxation, de respiration profonde ou encore de cohérence cardiaque.

Sources :