La thérapie cellulaire pour traiter les maladies cardiaques : Où en sommes-nous ?

Médecine régénératrice prometteuse, la thérapie cellulaire fait l’objet de nombreuses études scientifiques portant sur la façon dont elle pourrait traiter les pathologies cardiaques. Qu’est-ce que la thérapie cellulaire ? Quelles sont les souches étudiées ? Où en est la recherche ? Nous vous apportons un éclairage sur le sujet.

Qu’est-ce que la thérapie cellulaire ? 

Selon l’Inserm, la thérapie cellulaire consiste à greffer des cellules afin de restaurer la fonction d’un tissu ou d’un organe. L’objectif est de soigner durablement le patient, grâce à une injection de cellules thérapeutiques. Ces cellules sont obtenues à partir de différentes cellules souches :

  • Embryonnaires, prélevées sur des embryons de 5 à 7 jours ;
  • Pluripotentes, pouvant donner tous types de cellules ;
  • Multipotentes, pouvant donner un nombre limité de types de cellules provenant du patient lui-même ou d’un donneur ;
  • Mésenchymateuses, capables de donner des cellules de cartilage.

Plus globalement, la thérapie cellulaire consiste à soigner toute ou partie d’un organe défaillant par la transplantation de cellules saines. L’objectif est ainsi de remplacer les cellules malades de l’organe en question. Elle fait partie intégrante de ce que l’on appelle « la médecine régénérative ».

La thérapie cellulaire permet de traiter de nombreuses pathologies comme : les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux (AVC), les troubles neurologiques ainsi que le diabète, les maladies auto-immunes ou bien encore certains types de cancer.

Cette technique innovante a été développée par des chercheurs dans les années 1980-1990, notamment par le Professeur Philippe Menasché, qui a réalisé en France, la première transplantation de cellules cardiaques chez l’homme en 2004.

Comment intervient la thérapie cellulaire en cas de maladies cardiaques ?

L’insuffisance cardiaque concernerait 1.5 millions de Français en moyenne. Cette prévalence ne cesse d’augmenter avec une hausse estimée à 25% tous les 4 ans selon les projections faites.

Les maladies cardiaques comprennent :

  • L’infarctus du myocarde ;
  • L’insuffisance cardiaque congestive ;
  • Des cardiopathies congénitales ;
  • Des cardiomyopathies ;
  • Des maladies des valves cardiaques.

Ces pathologies impactent significativement la qualité de vie des patients et leur imposent une prise en charge assez contraignante nécessitant la mise en place d’une hygiène de vie saine, la prise de médicaments régulière et le recours à des dispositifs implantables si cela s’avère nécessaire.

Cependant, les traitements actuels ne sont pas toujours efficaces, en particulier aux stades avancés de la maladie. La thérapie cellulaire constitue alors une approche innovante pour traiter les pathologies cardiaques. Elle participe en effet à « réparer » les tissus cicatriciels des cœurs endommagés.

Contrairement à la plupart des tissus du corps humain, les cellules des muscles cardiaques ne se multiplient pas et ne sont pas remplacées si elles sont détruites lors d’accidents cardiaques. La greffe des cellules souches constitue alors une alternative thérapeutique intéressante.

Les cellules souches peuvent contribuer au traitement des maladies cardiaques en :

  • Remplaçant les cellules cardiaques endommagées.Injectées dans le cœur, ces nouvelles cellules cardiaques peuvent contribuer à améliorer la capacité de pompage du cœur.
  • Réduisant l’inflammation pouvant endommager le tissu cardiaque et rendre plus difficile le pompage du sang par le cœur en libérant des protéines qui suppriment le système immunitaire.

Quelles sont les récentes avancées de la thérapie cellulaire dans le cadre des maladies cardiaques ?

L’hôpital privé Jacques Cartier de Massy (Ramsay Santé – 91), à la pointe de la cardiologie interventionnelle, a réalisé, en début d’année 2023, une toute nouvelle opération de greffe de cellules souches dans le cœur d’un patient ayant subi un infarctus sévère. Dans le cadre d’un essai clinique, ce premier patient a reçu une injection de cellules souches en vue de régénérer son muscle cardiaque endommagé par un infarctus. C’est une solution médicale unique au monde, qui tient la promesse de régénérer les tissus d’un cœur endommagé afin de restaurer la fonction cardiaque post-infarctus.

A travers cette thérapie, chaque patient devient son propre médicament ! En effet, les cellules souches nécessaires à la régénération sont récupérées via une simple prise de sang sur le patient. Ces cellules dites « autologues », sont démultipliées dans un automate dédié dans l’objectif d’obtenir la dose suffisante pour traiter le patient. Ce biomédicament, est ensuite injecté dans les tissus du cœur à régénérer. Si les résultats de l’essai sont satisfaisants, des patients pourraient être couramment traités via cette solution dès 2024-2025.

Fin 2023, Un patient Parisien de 59 ans souffrant de cardiomyopathie, une maladie qui touche le muscle cardiaque et réduit la capacité du cœur à pomper le sang riche en oxygène vers le reste du corps s’est vu proposer un essai clinique en partie financé par les dons au Téléthon. Il est devenu le premier patient de la planète à recevoir un traitement à base d’« un jus de cellules cardiaques » 

Par ailleurs, à l’international, la société de biotechnologie Biocardia en Californie, spécialisée dans les thérapies cellulaires pour les maladies cardiovasculaires a annoncé l’activation d’un essai pivot pour sa thérapie cellulaire autologue CardiAMP. L’essai cible les patients souffrant d’insuffisance cardiaque ischémique et a été approuvé par la FDA après avoir reçu l’approbation du comité d’examen institutionnel (IRB) pour l’ensemble de l’étude.

L’étude CardiAMP HF II est une étude randomisée et contrôlée conçue pour évaluer l’efficacité de la thérapie CardiAMP chez les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite (HFrEF) due à une étiologie ischémique. L’étude fait suite aux résultats intermédiaires de l’étude CardiAMP Heart Failure, qui a porté sur 125 patients.

Ces résultats intermédiaires devraient être présentés lors de la réunion Technology and Heart Failure Therapeutics le 4 mars 2024. L’étude vise à recruter 250 patients et présente une probabilité statistique de succès supérieure à 90%. BioCardia souhaite terminer le recrutement des patients dans les 24 mois suivant la randomisation du premier patient.

Cette thérapie cellulaire, désignée comme une thérapie révolutionnaire, consiste à utiliser les propres cellules de la moelle osseuse du patient et à les administrer au cœur par le biais d’une procédure peu invasive. La thérapie comprend une analyse cellulaire exclusive pour la sélection des patients, un dosage élevé de cellules et un système d’administration qui s’est avéré plus sûr et plus efficace dans la rétention des cellules par rapport à d’autres méthodes.

Ces différents travaux de recherche en thérapie cellulaire offrent d’importantes perspectives aux malades cardiaques.

Sources :