Le monde 4 ans après la Covid

Le 17 mars 2020, la population entrait en confinement et la France basculait dans une crise systémique des organisations. Les établissements de santé déprogrammaient toute activité et accueillaient les patients atteints de la Covid. Des réorganisations et des adaptations ininterrompues de l’offre de soins ont ensuite rythmé les 10 mois suivants, voire plus dans certaines régions, pour faire face à la pandémie et poursuivre la prise en charge de tous les autres malades qui ne pouvaient pas reporter leurs prises en charge, au risque d’une perte de chance.

La cinquantaine de managers interviewés pour le « carnet de bord » de la profession ont attesté de la solidarité spontanée entre les professionnels de santé, et de la complémentarité d’action gouvernée par le bon sens des établissements de santé, quel que soit leur statut.

Que reste-t-il de cet « esprit Covid » qui a sauvé des centaines, des milliers de personnes ?

Des comportements vertueux oubliés. Alors que la complémentarité public / privé devrait être le maître mot de la refondation de notre système de santé, nous devons faire face à des propos publics insoutenables, mettant en avant une soi-disant absence de l’hospitalisation privée sur certains soins, alors même qu’on lui refuse l’autorisation de les prodiguer, en dépit des demandes répétées des cliniques concernées. On lui reproche également la reprise de son activité, participant ainsi activement à l’effacement de la dette sanitaire engendrée par la Covid.

Un respect de tous oublié. Les journaux télévisés de 20 heures ne font plus entendre les applaudissements de la population pour célébrer les soignants mais informent sur la proposition de loi pour renforcer la répression des violences commises à l‘égard des professionnels de santé. Par ailleurs, l’iniquité de traitement des acteurs, tant sur le plan des autorisations d’activités de soins que sur le plan des financements, a pris le pas sur l’indispensable reconnaissance de l’ensemble des professionnels, au-delà même des questions statutaires des structures.

Une performance oubliée. La campagne tarifaire était publiée à l’heure, le 1er mars 2020 et offrait la visibilité attendue par les managers. Le financement de la qualité et des tarifs revalorisés donnaient le cap à tout un système. Les mécanismes de garantie de financement, bienvenus lors de la pandémie, mettent à mal aujourd’hui l’efficience de la dépense publique et ne constituent pas un incitatif à une reprise de l’activité plus rapide et plus efficace par tous.

Un espoir néanmoins demeure. Cet esprit peut renaître et souffler, si et seulement si, tous les acteurs le veulent bien. L’hospitalisation privée est prête à assumer ses responsabilités de manière collective et solidaire, sous réserve qu’on lui en donne l’opportunité et les moyens.