Des conséquences sanitaires préoccupantes face à des décisions inconséquentes

Notre secteur prend en charge 50 % de la chirurgie pédiatrique (Année 2022 – tous séjours en GHM en C avec âge < 18). Cependant, environ un tiers des établissements de santé MCO privés annoncent devoir arrêter tout ou partie de leur activité de chirurgie pédiatrique car les nouvelles recommandations professionnelles sont inapplicables. Ainsi, la FHP-MCO s’est jointe aux autres fédérations hospitalières et aux CNP de chirurgie et de spécialité pour alerter et exhorter le ministère à intervenir, et l’inviter à corriger urgemment ces recommandations, car le risque d’une dégradation grave de la situation sanitaire en termes de délais de prise en charge pouvant atteindre plusieurs mois est réel !

Nous partageons naturellement la volonté d’améliorer de façon continue la qualité et la sécurité des soins mais les mesures envisagées doivent être appréciées avec sérieux en termes de conséquences sanitaires. Or, force est de constater que les recommandations professionnelles avancées sont la raison de difficultés majeures de prise en charge des enfants dès à présent, en fixant des exigences non maîtrisées et non anticipées, notamment en matière de ressources humaines et d’exigence d’activité. De telles recommandations doivent faire l’objet d’études d’impact et de discussions en amont avec les tutelles et les fédérations hospitalières sur leur faisabilité. Même si nous notons un recul sur ce dernier point, les effets néfastes se sont déjà manifestés et se poursuivront dans les années à venir. L’essentiel a été oublié : un équilibre entre plusieurs objectifs de qualité des soins. Un objectif ne peut s’imposer au détriment d’autres, comme l’accès à des soins de proximité ou la rapidité de prise en charge.

Pourquoi en sommes-nous là ? Les motivations profondes qui sous-tendent ces nouvelles exigences ne sont pas connues ou non clairement communiquées. Les nouveaux besoins générés en ressources humaines n’ont fait l’objet d’aucune étude d’impact pour s’assurer que le marché de l’emploi peut y répondre ou à défaut les capacités de formation. Les surcoûts engendrés pour les établissements de santé et les praticiens libéraux, par exemple, celui des IADE « ayant une pratique régulière en anesthésie pédiatrique » et/ou de MAR, et les difficultés de recrutement peuvent conduire dans certaines situations à préférer l’arrêt d’une activité.

La date de mise en application proposée en juillet 2024 ne permet pas les adaptations nécessaires à l’application pleine des recommandations. À tout le moins, un moratoire s’impose et il faudra pour cela que certains assureurs ne participent pas à une surenchère irresponsable.