1,2,3 Questions – Prof. Jean-Michel CONSTANTIN

Prof. Jean-Michel CONSTANTIN, Président de la SFAR et chef du service de réanimation chirurgicale et polyvalente à l’Hôpital Universitaire Pitié-Salpêtrière

Vous venez d’être élu président de la Société française d’anesthésie et de réanimation, quels sont les objectifs de la SFAR ?

Les projets de la SFAR sont multiples : formation, recherche, développement de la spécialité et recommandations cliniques. Tout d’abord la SFAR forme. En 2023, nous avons réalisé plus de 40 formations à l’intention des adhérents : médecins anesthésistes réanimateurs, infirmiers anesthésistes (IADE), infirmiers de réanimation (IDE-REA), et infirmiers de salle de surveillance post-interventionnelle. Ces formations organisées selon un équilibre réfléchi entre Paris et les régions visent à améliorer les compétences individuelles et répondent aux exigences en termes de certification. Nous allons étendre encore notre champ de formation.

Ensuite, la SFAR promeut la recherche en anesthésie, réanimation et médecine periopératoire. Nous soutenons tous les acteurs de notre spécialité, notamment les plus jeunes, dans l’évaluation et l’amélioration de leur pratique. Nous finançons des bourses de recherche, nous coordonnons et soutenons la recherche clinique de notre spécialité en exercice libéral comme en public.

Notre mobilisation vise également à développer la composante médecine périopératoire de notre spécialité. Il est nécessaire de poser un cadre d’exercice précis et d’évaluer les moyens nécessaires pour développer cette pratique au sein de tout type d’établissement dans des conditions attractives, valorisantes et bénéfiques pour nos patients. Pour cela, la SFAR travaille avec l’ensemble de ses partenaires, en collaboration avec le Conseil national professionnel d’anesthésie-réanimation et médecine post-opératoire  (CNP-ARMPO).

Enfin, la SFAR réalise un travail important en produisant des recommandations qui ont pour but d’améliorer la sécurité du patient et de faciliter les décisions prises par les anesthésistes réanimateurs. Elle est la société savante qui en émet le plus grand nombre puisqu’elle est une des rares à couvrir un large domaine de pratique. Conscients qu’après 10 ans, les recommandations deviennent caduques, nous poursuivrons les mises à jour indispensables pour correspondre aux pratiques professionnelles et aux avancées scientifiques. Un travail colossal qui nécessite un accompagnement par des experts métiers et méthodologiques tout en considérant les difficultés rencontrées sur le terrain, quel que soit le mode d’exercice.

La SFAR continue de s’ouvrir sur la francophonie. C’est une aventure humaine et scientifique passionnante qui devrait nous amener à créer une fédération internationale francophone de l’anesthésie réanimation. Il s’agit d’un enjeu crucial pour la formation, la diffusion des savoirs et les échanges entre professionnels.

Quelles sont vos recommandations en matière d’anesthésie pour la chirurgie pédiatrique ?

Le but des recommandations formalisées d’experts (RFE) en matière d’anesthésie pour chirurgie pédiatrique est, en réponse à une sinistralité réelle, de sécuriser et d’optimiser la prise en charge des enfants dans le parcours chirurgical. La recommandation élaborée sur la base de la littérature internationale, a été votée en Janvier 2023 à l’unanimité lors d’un conseil d’administration de la SFAR qui est paritaire et représentatif des différents modes d’exercice. Cette RFE a un impact organisationnel, c’est pourquoi, pour permettre à toutes les équipes de s’adapter, la SFAR a proposé un moratoire jusqu’à la fin du 1er trimestre 2024. Ces recommandations sont perçues comme une révolution alors qu’elles rassemblent essentiellement au sein d’un texte unique des préconisations en matière de formation continue ou d’activité minimale présentes dès 2004 dans les schémas régionaux organisationnels. Le rappel de ces exigences a incité les établissements à une réorganisation in fine bénéfique pour tous et en adéquation avec l’exercice de la profession. Quel parent confierait son enfant à un anesthésiste-réanimateur qui ne fait jamais de pédiatrie ou ne met pas à jour ses compétences ? Pour aider les professionnels à structurer leur activité et fournir des clefs de lecture de la RFE, la SFAR a mis en place une « hotline ». Celle-ci est accessible via l’adresse e-mail avis pédia, derrière laquelle « se cache » un groupe d’anesthésistes-réanimateurs pédiatriques experts, issus de différents modes d’exercice ; ils répondent au plus en 48 heures. Cela fait partie des missions de la SFAR que d’accompagner la mise en place de ses recommandations.