Dr François DEVILLE, président du Syndicat national des urgentistes de l’hospitalisation privée (SNUHP)
Le 24 mai 2024, vous avez été élu président du SNUHP, quels projets allez-vous porter ?
L’activité des 122 services d’urgences labellisés de l’hospitalisation privée évolue du fait des fusions entre les établissements et de l’évolution des besoins. Un des dossiers prioritaires du SNUHP sera d’assurer à ces 122 services un fonctionnement administratif homogène avec les ARS et les organismes territoriaux. Dans chaque territoire, au sein de chaque ARS, nous déplorons parfois des micro-organisations disparates et sans cohérence nationale.
Nous veillerons à la valorisation du travail réalisé dans les services d’urgences en matière de permanence des soins dans les établissements de santé (PDSES) comme les mesures Braun le prévoient. La compensation, correspondant à la pénibilité du travail de nuit et l’ouverture H24, doit être versée à chaque médecin urgentiste.
La notion de dotation populationnelle introduite par la réforme de financement des services d’urgences modifie le modèle de financement. Le SNUHP sera présent dans les Comités consultatifs d’allocations de ressources en région pour veiller d’une part à l’équité de traitement entre les services d’accueil des urgences (SAU) des secteurs privé et public, d’autre part au versement des indemnités liées aux indicateurs de qualité de prise en charge, et enfin à la revalorisation des personnels des services qui assurent des missions de service public.
Les jeunes médecins urgentistes ont incité le SNUHP à proposer, dès la rentrée 2024, un site plus lisible (informations légales, jurisprudence, recueil de données et bourse d’emploi) ainsi que la diffusion en ligne d’une newsletter. Les projets sont en cours.
Comment envisagez- vous la collaboration entre les SAU de l’hospitalisation privée et publique ?
Le SNUHP tient à rappeler que tous les médecins urgentistes portent les mêmes valeurs : la prise en charge appropriée et en urgence des patients. Nous avons tous participé au fonctionnement de l’hôpital public pendant des années et beaucoup continuent à assumer des activités partagées.
Au sein des SAU, l’accueil s’organise selon des filières d’admission. En amont, le Samu réalise une régulation qui fait évoluer le panorama des entrées au niveau national. Nous voulons une homogénéité de traitements et que les admissions se fassent par filière pour garantir la qualité du soin et la sécurité du patient. Bien entendu, dans les territoires isolés les SAU de l’hospitalisation privée assurent tous les premiers secours.
Nous sommes favorables au développement de l’activité mais celle-ci doit correspondre au plateau technique de l’établissement et aux filières de prise en charge. Un mauvais adressage n’est jamais bénéfique au patient. Le SNUHP est favorable à une coopération entre les secteurs public et privé de l’hospitalisation, qui s’inscrive dans une écologie de moyens et une coopération entre les secteurs pour l’admission du patient dans la bonne filière et au bon endroit.
Les équipes médicales de territoires (EMT), ayant pour objectif de mutualiser des moyens et de récupérer des équivalents temps plein, le SNUHP promeut le partenariat entre les secteurs public et privé au sein de GCS mixtes.
À plus long terme, quelles sont les ambitions du SNUHP ?
Nous travaillons sur le statut des médecins urgentistes au sein des SAU pour que l’expertise des praticiens soit validée par une accréditation. Les patients reconnaissent la qualité de notre travail et ils savent qu’ils sont pris en charge par des praticiens engagés et compétents. Cette mission de reconnaissance de notre expertise est menée avec le Collège national français de médecine d’urgence (CFMU).
Le SNUHP, interlocuteur représentatif, échange avec la DGOS, le Conseil national de l’urgence hospitalière (CNUH) lors d’évènements nationaux tels les JO et les migrations saisonnières. Nous sommes pleinement mobilisés sur chaque territoire.
La demande des jeunes médecins à venir se former dans les SAU privés accrédités étant forte, le SNUHP souhaite favoriser ces stages dans le cursus du diplôme d’études spécialisées (DES) de médecine d’urgence et de médecine générale.
Les actions menées par le SNUHP sont un gage de qualité à condition de bénéficier d’une équité de traitements et d’un adressage cohérent respectueux des personnels et des patients.