Rougeole : Quelle est la situation épidémique en France en 2025 ?

Maladie infantile très contagieuse, la rougeole fait partie des pathologies « oubliées » qui reviennent toutefois en force ces dernières années. Santé publique France se joint au ministère chargé de la Santé et de l’Accès aux Soins pour appeler les professionnels de santé et de la petite enfance à une vigilance accrue face à l’augmentation des cas de rougeole signalés en France hexagonale.

Illustration d’un diagnostic de la rougeole chez un enfant, avec symptômes cutanés visibles, scientifiques et schémas biologiques

Qu’est-ce que la rougeole ?

Maladie virale respiratoire très contagieuse, la rougeole est un morbillivirus de la famille des Paramyxoviridae. Appartenant à la même famille que le virus des oreillons, cette maladie survient généralement chez les personnes non ou mal vaccinées. Si elle peut toucher n’importe qui, elle est toutefois plus fréquente chez les enfants. Une personne contaminée par la rougeole peut infecter entre 15 et 20 personnes. Les premiers signes de l’infection peuvent apparaître 10 à 12 jours après avoir été exposé au virus. Ils comprennent : une éruption cutanée, écoulement nasal (rhinite), une conjonctivite, de la toux, une fatigue importante ainsi qu’une forte fièvre (supérieure à 39-40°C).

Une maladie qui peut entraîner des complications sérieuses

Le plus souvent bénigne, le risque de complications concerne principalement les nourrissons, les femmes enceintes, les personnes souffrant de malnutrition ou de déficit immunitaire. Elle peut entraîner des complications sérieuses chez les malades comme :

  • Une diarrhée sévère ;
  • Des infections auriculaires ;
  • Une cécité ;
  • Une encéphalite (une infection causant un gonflement du cerveau pouvant entraîner des lésions cérébrales) ;
  • Des problèmes respiratoires graves comme une pneumonie.

La France fait partie des pays sévèrement touchés en 2025

Depuis le début de l’année 2025, la France hexagonale fait face à une recrudescence des cas de rougeole. Cette augmentation s’inscrit dans un contexte marqué par des flambées épidémiques, en Europe et dans le monde. En 2024, plus de 128 000 cas de rougeole ont été déclarés en Europe avec 38 décès selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette tendance s’est poursuivie en 2025, avec une amplification préoccupante.

  • Entre le 1er janvier et le 14 mars 2025, 180 cas de rougeole ont été déclarés, soit plus du double par rapport à la même période en 2024 (83 cas).
  • Il était rapporté pour 82 cas (45,6%) une hospitalisation (dont 6 en réanimation), pour 35 cas (19,5%) une complication (dont 20 pneumopathies et 1 encéphalite). Les hospitalisations et complications touchaient majoritairement les nourrissons et jeunes enfants mais aussi les jeunes adultes.
  • Sur l’ensemble des cas, 70,5% sont des personnes non vaccinées ou n’étant pas à jour de leur vaccination, démontrant l’importance cruciale de la protection vaccinale.

Plus globalement, ce récent bilan épidémiologique indique une hausse importante des cas importés, dont plus de la moitié est non vaccinée, ce qui a entraîné de nouvelles « chaînes de transmission ». Environ 20% des cas sont d’origine importée, provenant de 7 pays différents, avec une proportion significative (41 cas) liée à des séjours au Maroc, qui connaît actuellement une épidémie historique.

Les foyers épidémiques identifiés en France

  • 34 départements (33,6%) ont rapporté au moins un cas.
  • Les départements français les plus touchés concerne le Nord (55 cas), le Val d’Oise (15 cas), les Bouches du Rhône (13 cas), l’Ain et les Alpes Maritimes (9 cas chacun).
  • Depuis le début de l’année, 30 cas groupés de rougeole ayant généré 113 cas ont été rapportés aux Agences régionales de santé. Parmi eux, 7 foyers de rougeole de plus de 5 cas ont été rapportés dans le Nord, dans l’Ain, dans les Alpes Maritimes, les bouches du Rhône et en Côte d’or/Saône et Loire.
  • Ces foyers ont concerné des personnes de communauté Rom ou des personnes d’origine roumaine sédentarisées. D’autres foyers sont survenus en collectivité (crèche, lycée) ou encore au sein d’un établissement hospitalier ou en lien avec un grand rassemblement (salon d’exposition parisien).

Les populations particulièrement vulnérables à la rougeole

L’analyse des données épidémiologiques de 2025 met en évidence trois groupes particulièrement touchés par la rougeole en France :

  • Les nourrissons de moins d’un an représentent 14.4% des cas et constituent une population très vulnérable car ils ne peuvent pas encore bénéficier du schéma vaccinal complet, leur système immunitaire étant encore en développement.
  • Les jeunes enfants de 1 à 4 ans sont les plus affectés avec 21.1% des cas, un chiffre inquiétant qui témoigne de retards ou d’insuffisances vaccinales dans cette tranche d’âge pourtant ciblée par l’obligation vaccinale.
  • Enfin, les adultes de 30 à 39 ans (13.9% des cas) représentent une population à risque souvent négligée mais particulièrement exposée, soit parce qu’ils n’ont jamais contracté la maladie dans leur enfance, soit parce qu’ils n’ont pas reçu les deux doses nécessaires du vaccin ROR. Ces adultes, souvent parents de jeunes enfants, peuvent être à l’origine de foyers familiaux et professionnels, avec un risque accru de complications sévères lorsque la maladie est contractée à l’âge adulte.

Se faire vacciner est le meilleur moyen de se protéger contre la rougeole

La vaccination est une mesure de prévention efficace. Elle protège de la maladie dans près de 100% des cas après deux doses de vaccin. À ce titre, il est important de vérifier son statut vaccinal. Et de procéder, en cas de besoin à un rattrapage vaccinal conformément aux recommandations du calendrier vaccinal. La vaccination des professionnels de santé et de la petite enfance, en particulier ceux qui sont en contact avec des enfants ou des personnes immunodéprimées, est particulièrement importante.

Tous les enfants, adolescents et jeunes adultes nés après 1980 doivent être vaccinés contre la rougeole :

  • Chez les nourrissons : une première dose à 12 mois et une seconde dose entre 16 et 18 mois ;
  • Chez les personnes nées à partir de 1980 et âgées d’au moins 12 mois quels que soient les antécédents vis-à-vis des trois maladies (rougeole, oreillons, rubéole – ROR) : deux doses en respectant un délai minimum d’un mois entre les deux doses ;
  • Chez les personnes nées avant 1980, non vaccinées et sans antécédent connu de rougeole, la vaccination avec une dose de vaccin trivalent ROR est fortement recommandée, sans contrôle sérologique préalable.

Sources :