Diabète : Une épidémie silencieuse en progression constante

Véritable enjeu de santé publique, les cas de diabète ne cessent de progresser en France selon les dernières données de surveillance publiées par Santé publique France. Faisons le point sur l’évolution de cette maladie chronique, ses disparités territoriales, et les enjeux de santé publique qui en découlent.

Qu’est-ce que le diabète ?

Le diabète est une maladie qui se caractérise par la présence trop importante de glucose dans le sang.

Source d’énergie essentielle aux processus physiologiques, tels que la régulation de la température du corps ou le fonctionnement des cellules cérébrales, l’utilisation du glucose est normalement régulée par l’organisme via une hormone : l’insuline.

Cette dernière est sécrétée par le pancréas, une glande située au fond de l’abdomen derrière l’estomac, lorsque le taux sanguin de glucose est important. L’insuline agit en se fixant aux récepteurs de la paroi des cellules, ce qui active le stockage du glucose dans celles-ci. À l’inverse, une autre hormone, le glucagon, permet le déstockage du glucose lors d’un besoin énergétique.

Ce trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des sucres apportés par l’alimentation se traduit par un taux de glucose anormal dans le sang : on parle d’hyperglycémie.

Il existe deux types de diabète :

– Le diabète de type 1 dit « insulino-dépendant ». C’est la forme la plus grave de la maladie. Il est le plus souvent diagnostiqué chez les jeunes (enfants, adolescents ou jeunes adultes) en raison d’une prédisposition génétique. Il provoque une soif intense, des urines abondantes, un amaigrissement rapide. Les patients ont besoin d’un apport quotidien d’insuline pour vivre, car leur pancréas n’en produit plus. Le traitement peut se faire sous forme d’injection ou par le biais d’une pompe à insuline (un appareil portable ou implantable destiné à administrer l’insuline en continu).

– Le diabète de type 2. C’est la forme la plus courante. Il apparaît généralement chez les sujets de plus de 40 ans. Le surpoids, l’obésité et le manque d’activité physique sont généralement des facteurs déclencheurs. Asymptomatique, il passe longtemps inaperçu. Le traitement de première intention se fait par voie orale.

Une progression constante et inquiétante de la maladie en France et à travers le monde

Selon de nouvelles données publiées dans la revue The Lancet à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le diabète célébrée chaque année le 14 novembre, plus de 800 millions d’adultes sont aujourd’hui atteints de diabète dans le monde, soit plus de quatre fois plus qu’en 1990.

« Nous constatons depuis 30 ans une augmentation alarmante du nombre de cas de diabète, qui s’explique par une avancée de l’obésité, aggravée par les effets de la commercialisation d’aliments malsains, du manque d’activité physique et des difficultés économiques », a déclaré le Directeur général de l’OMS. 

Selon les données publiées par Santé publique France, le diabète continue sa progression inquiétante dans l’Hexagone. En 2022, la prévalence du diabète traité pharmacologiquement (tous types) était estimée à 5,6% de la population, soit plus 3,8 millions de personnes. Ce chiffre représente une augmentation significative par rapport aux années précédentes. Cela confirme la tendance à la hausse observée depuis plus d’une décennie.

Cette augmentation s’explique par plusieurs facteurs :

  • Le vieillissement de la population ;
  • L’évolution des modes de vie, notamment la sédentarité croissante et les changements dans les habitudes alimentaires souvent trop riches en sucres cachés ;
  • L’amélioration du dépistage et de la prise en charge médicale permettant d’identifier davantage de cas, même si de nombreuses personnes vivent encore avec un diabète non diagnostiqué.

Le diabète de type 1 en hausse chez les moins de 20 ans

En 2023, plus de 31 000 jeunes ont été diagnostiqués et le nombre de cas augmente chaque année. Cette maladie auto-immune apparaît en général dans l’enfance ou l’adolescence. Elle est liée à de nombreux facteurs, à la fois génétiques et environnementaux. L’un des enjeux de la recherche sur le diabète de type 1 est d’identifier ces différents risques. Il est donc essentiel de le diagnostiquer le plus rapidement possible pour éviter les complications graves qui peuvent aller jusqu’au coma.

Des disparités territoriales marquées

De fortes disparités géographiques sont également constatées. Les départements d’outre-mer sont particulièrement touchés, avec des prévalences nettement supérieures à la moyenne nationale.

Les disparités territoriales restent très marquées avec une fréquence du diabète beaucoup plus élevée dans les départements et régions d’outre-mer et en Seine Saint Denis. A l’opposé, les départements situés à l’Ouest de l’hexagone et notamment en Bretagne enregistrent les fréquences les plus faibles.

Des complications graves

Le diabète, lorsqu’il n’est pas correctement contrôlé, peut entraîner de graves complications à long terme. Les données de surveillance montrent que les complications cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux) demeurent la première cause de mortalité chez les personnes diabétiques. Les atteintes rénales, oculaires et neurologiques, ainsi que les complications podologiques pouvant mener à des amputations, sont également fréquentes.

Le dépistage : un enjeu majeur encore insuffisant

Malgré les efforts déployés, le dépistage du diabète reste insuffisant en France. On estime qu’environ 20% des personnes atteintes de diabète de type 2 ignorent leur condition. Cela représente près de 700 000 personnes. Ce « diabète silencieux » progresse souvent pendant plusieurs années avant d’être diagnostiqué, augmentant considérablement le risque de complications déjà présentes au moment du diagnostic.

Les recommandations actuelles préconisent un dépistage systématique chez les personnes à risque : celles âgées de plus de 45 ans, présentant un surpoids ou une obésité, ayant des antécédents familiaux de diabète, ou souffrant d’hypertension artérielle. Pourtant, ces recommandations sont encore trop peu suivies, particulièrement dans les populations les plus vulnérables.

La lutte contre le diabète nécessite une approche globale. Cela implique l’ensemble des acteurs de la santé, mais aussi une prise de conscience collective sur l’importance d’adopter un mode de vie plus sain.

Les professionnels de santé ont un rôle crucial à jouer, non seulement en assurant une prise en charge optimale des patients déjà diagnostiqués, mais aussi en contribuant activement au dépistage et à la sensibilisation des populations à risque.

Sources :