Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes. Bien qu’il soit considéré comme un cancer à bon pronostic avec un taux de survie de 93% à 5 ans après le diagnostic, près de 9 000 décès ont été recensés en France en 2021. Face à cette réalité, le dépistage précoce constitue un enjeu majeur. Zoom sur les différentes techniques pour le dépister !
Qu’est-ce que le cancer de la prostate ?
Le cancer de la prostate se développe dans une petite glande masculine située sous la vessie, qui entoure l’urètre. Cette glande joue un rôle essentiel dans la reproduction en produisant une partie du liquide séminal. Lorsqu’un cancer se développe dans cette zone, il résulte de la transformation des cellules prostatiques qui se multiplient de façon anarchique pour former une tumeur maligne. D’évolution lente, ce cancer peut mettre plusieurs décennies avant de déclencher des symptômes.
Les deux stades d’évolution du cancer de la prostate :
- Le cancer de la prostate est dit localisé ou « intracapsulaire » lorsque les cellules tumorales sont localisées uniquement dans la prostate. Il représente 80% des diagnostics.
- Au l’inverse, le cancer est dit « extracapsulaire » lorsque les cellules tumorales sont sorties de la capsule de la prostate pour atteindre les vaisseaux sanguins et lymphatiques. Elles peuvent ensuite se diffuser dans le reste de l’organisme et former des métastases.
La fréquence de ce cancer augmente considérablement avec l’âge. Relativement rare avant 50 ans, il devient de plus en plus fréquent après cet âge. L’Assurance Maladie indique avoir pris en charge 549 580 hommes pour un cancer de la prostate en 2021, dont 99 % étaient âgés de plus de 60 ans.
Les 5 principaux symptômes qui doivent alerter :
- Des troubles urinairescomme le besoin accru d’uriner la nuit (pollakiurie) ou des difficultés à vider complètement la vessie ;
- Des fuites urinaires ;
- Des infections urinaires fréquentes ;
- La présence de traces de sang dans l’urine ou le sperme;
- Des difficultés d’érection et des douleurs à l’éjaculation.
Longtemps asymptomatique, ce cancer rend le dépistage d’autant plus important pour le déceler le plus tôt possible. Les symptômes du cancer de la prostate apparaissent en effet lorsque la tumeur grossit et comprime l’urètre, le canal qui part de la vessie et permet d’éliminer les urines.
Les outils de dépistage du cancer de la prostate
Le dépistage repose aujourd’hui sur plusieurs examens complémentaires, chacun présentant ses avantages :
Le dosage du PSA (Antigène Prostatique Spécifique ou prostate specific antigen)
Il constitue l’examen de référence depuis plusieurs décennies. Le PSA est produit par la prostate, et participe à la liquéfaction du sperme. Son taux sanguin augmente en cas de cancer de la prostate, mais également dans d’autres situations comme une inflammation ou une infection. Cela explique pourquoi les médecins prescrivent plusieurs dosages de cette molécule, espacés dans le temps.
Le toucher rectal
Bien que redouté par de nombreux patients, il reste un examen fondamental du dépistage. Réalisé par le médecin, il permet de palper directement la prostate à travers la paroi rectale pour détecter d’éventuelles anomalies de consistance, de forme ou de volume. Cet examen simple et rapide peut révéler des cancers non détectés par le PSA, particulièrement ceux situés dans la zone périphérique de la glande.
L’IRM de la prostate
Cet examen représente une avancée majeure dans le diagnostic précoce. Cette technique d’imagerie médicale permet d’obtenir des images très précises de la prostate et de détecter des lésions suspectes avec une grande exactitude. L’IRM multiparamétrique combine plusieurs séquences d’imagerie pour caractériser finement les tissus prostatiques. Elle s’avère particulièrement utile chez les hommes présentant un PSA élevé mais des biopsies négatives, ou pour guider les biopsies vers les zones les plus suspectes.
Le test urinaire
L’année dernière, une équipe du Rogel Cancer Center de l’Université du Michigan a mis au point un test urinaire permettant de détecter le cancer de la prostate de haut grade. Ce terme désigne les cancers classés selon un score de Gleason égal ou supérieur à 7, souvent plus agressifs. Ce test repose sur la détection de plusieurs gènes liés à la forme agressive de ce cancer. Il permet d’éviter à de nombreux hommes des procédures invasives inutiles. Les chercheurs ont récemment publié les résultats d’un essai clinique confirmant son efficacité. À noter que les cancers de la prostate sont classés selon leur score de Gleason, compris entre 2 et 10. Son calcul repose sur l’aspect des cellules au microscope. La première moitié du score (notée de 1 à 5) se base sur la morphologie cellulaire dominante. La seconde moitié (notée de 1 à 5) s’appuie sur le motif cellulaire non dominant ayant le grade le plus élevé. Les cancers de la prostate de score 3+4=7 (groupe de grade II) ou supérieur sont plus susceptibles de se développer et de causer des dommages que les cancers de score ≤ 6 (groupe de grade I), considérés comme non agressifs.
À quel âge commencer à se faire dépister ?
Le dépistage est recommandé chez les hommes à partir de 50 ans, ou plus tôt en cas de facteurs de risque particuliers. Pour les hommes ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate, il peut être envisagé dès 45 ans, voire 40 ans dans certains cas spécifiques.
Toutefois, plutôt que de préconiser un dépistage systématique pour tous les hommes, les médecins privilégient aujourd’hui une démarche de « dépistage informé » ou « partagé ». Cette approche consiste à informer le patient des bénéfices et des risques du dépistage, puis à prendre une décision commune en fonction de son profil de risque, de son état de santé général et de ses préférences personnelles.
Vers une approche personnalisée
L’avenir du dépistage s’oriente vers une médecine de plus en plus personnalisée. De nouveaux marqueurs biologiques sont à l’étude pour améliorer la spécificité du diagnostic et mieux distinguer les cancers nécessitant un traitement de ceux pouvant faire l’objet d’une simple surveillance. Les tests génétiques permettent également d’identifier les hommes à plus haut risque qui pourraient bénéficier d’un dépistage précoce ou renforcé.
L’intelligence artificielle appliquée à l’interprétation des IRM prostatiques ouvre également de nouvelles perspectives pour améliorer la précision diagnostique et réduire les biopsies inutiles.
Le dépistage du cancer de la prostate reste un sujet complexe nécessitant une approche nuancée et personnalisée. Si les outils diagnostiques se sont considérablement améliorés grâce à l’IRM, la décision de dépister doit résulter d’une discussion approfondie entre le patient et son médecin. Cette démarche permet de prendre en compte les facteurs de risque individuels, l’état de santé général et les préférences personnelles de chaque homme.
L’objectif reste de détecter les cancers cliniquement significatifs tout en évitant les surdiagnostics. Dans cette perspective, l’information claire et complète des patients constitue un prérequis indispensable pour leur permettre de faire des choix éclairés concernant leur santé.
Sources :
- https://www.frm.org/fr/maladies/recherches-cancers/cancer-de-la-prostate/tout-savoir-sur-le-cancer-de-la-prostate
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cancer-prostate/comprendre-cancer-prostate#:~:text=Le%20cancer%20de%20la%20prostate%20localis%C3%A9%20ou%20%C2%AB%20intracapsulaire%20%C2%BB&text=Le%20cancer%20de%20la%20prostate%20se%20d%C3%A9veloppent%20%3A,au%20contact%20avec%20l’%20ur%C3%A8tre%20.
- https://www.fondation-arc.org/cancer/cancer-prostate/symptomes-diagnostic-cancer
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cancer-prostate/symptomes-diagnostic
- https://www.vidal.fr/maladies/cancers/cancer-prostate.html
- https://www.urofrance.org/2022/02/07/point-sur-letude-reimagine-depistage-du-cancer-de-la-prostate-par-irm/
- https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/cancer/cancer-de-la-prostate-un-nouveau-test-urinaire-offre-une-option-de-depistage-pratique-et-precise-190212.html
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cancer-prostate/depistage#:~:text=Le%20toucher%20rectal%20(examen%20de,examen%20est%20inconfortable%20mais%20indolore.
- https://www.em-consulte.com/article/1537253/utilisation-de-l-intelligence-artificielle-pour-l-